Pour nous redonner foi dans le pull
Vous le savez, chez BonneGueule, on aime la grosse maille et on en porte intensivement.
Après avoir exploré le gros cardigan, il était donc logique qu'on s'attaque au pull à grosse maille : son col peut parfois le rendre plus facile à porter avec un manteau ou au-dessous d'un blazer. Et cela reste également une pièce très simple à associer, le tout est de proposer une texture ou un relief particulier !
Sauf que la plupart du temps, les pulls qu'on voit sur le marché sont souvent très neutres et n'apportent pas beaucoup à une tenue, à part de la chaleur. Ce n'était pas ce que nous voulions.
Après Six & Sept, nous avons donc recherché une marque française ayant une véritable expertise dans la maille, et c'est là que nous avons rencontré Le Mont Saint Michel.
On a assez peu parlé de cette marque sur BonneGueule, on va donc vous la présenter avant de parler de notre collaboration.
Cette partie est plus longue que d'habitude, mais l'histoire de la marque et d'Alexandre Milan (le créateur derrière Le Mont Saint Michel) méritent le détour…
Une histoire de Mont Saint Michel qui commence en 1918
Cela fait bientôt un siècle que la famille d'Alexandre produit des pulls. Né en Bretagne, issu d'une famille normande, il était donc totalement légitime pour diriger la marque Le Mont Saint Michel .
Avant d'aborder la marque en détail, voyageons dans le temps, car Alexandre nous a donné un point de vue assez unique sur l'histoire de la maille en France…
Un siècle d'histoire familiale
Après la première Guerre Mondiale, l'arrière grand-mère d'Alexandre fonde un atelier de tricotage de sous-vêtements, donnant un travail et une occupation aux veuves de guerre.
Elles produisaient des tricots de peau en laine, des chaussettes...
Les années passent et la société de consommation s'implante dans la France des Trente Glorieuses. L'industrie est florissante : on dénombre alors près de 600 entreprises de tricotage, car c'est toute la population française qu'il faut habiller.
On avait besoin de machines efficaces, de productivité, de performance. C'est difficile à croire, mais à l'époque, l'intégralité de la consommation française était fabriquée en France !
C'est son grand-père qui importe les premières machines à tricoter des pulls depuis les USA. L'atelier de la famille Milan est à la pointe de l'innovation technologique dans les années 1960-70.
De 60 personnes, l'effectif passe à près de 300 employés produisant 3.500 pulls par jour dans l'entreprise, ce qui était considérable à l'époque !
En parallèle, Alexandre passe son enfance dans un atelier, mais pas n'importe lequel.
En effet, ses frères et lui ont grandi dans un château retapé par leurs parents afin d'y installer leur atelier de tricot. Pour avoir visité le lieu, c'est vraiment atypique, l'atelier tranche radicalement avec les bâtiments industriels de l'époque.
De ce fait, son enfance est marquée par le souvenir des machines, leur bruit, l'activité des employés, par l'odeur de l'huile, de la laine et du coton, un peu comme "un mécano géant", nous dit-il.
L'entreprise est donc intimement liée à la famille et éveille rapidement sa curiosité, son envie de découvrir le métier. Jeune homme, son père lui met le pied à l'étrier, mais il ne se contente pas de lui remettre les clés de l'atelier sans le laisser faire ses preuves !
Son apprentissage de la maille
Avant de lui remettre les rênes, le père d'Alexandre père lui demande d'apprendre lui-même le métier pour être légitime. Il se met donc au tricot, à la couture, à utiliser les machines... et découvre comment fonctionne le montage d'un pull.
Après cet apprentissage, il part en Suisse où les meilleures machines à tricoter au monde l'attendent. Il se fait alors la main sur la programmation des métiers à tisser, les mailles complexes, toutes ces opérations permettant d'exprimer ses idées sur une machine ; tel un véritable artiste de la maille.
Pourtant, les choses vont commencer à se gâter dans le textile français…
La suprématie de la quantité : vers la fin d'un modèle
Les années 1980 marquent le début du règne de la grande distribution Carrefour, Monoprix, Prisunic... Ces mastodontes modifient considérablement la donne. Avec leur apparition, le rapport entre production et consommation est chamboulé. Pourquoi cela ?
Avec leur volonté d'acheter des quantités gigantesques au plus bas prix, on se met à produire plus de vêtements pour moins cher. Le but n'est plus de produire des vêtements durables et de bonne qualité, car qui dit vêtement à petit prix dit plusieurs achats par la saison. C'est la naissance de la fast fashion.
La quantité triomphe sur la qualité et, petit à petit, les consommateurs préfèrent avoir plus de choix, plus de vêtements moins chers qu'un seul de qualité durant toute une vie.
Avec l'ouverture du marché économique en Europe, la France se retrouve en concurrence avec des pays européens moins avancés technologiquement mais à la main d'oeuvre bien moins chère, de l'Italie au Portugal.
L'arrivée de ces nouveaux entrants a clairement déformé la filière du textile français, à tel point que celles qui étaient les meilleures filatures d'Europe ferment les unes après les autres.
Et malheureusement, le textile français s'effondre complètement, avec les conséquences que l'on connaît bien. L'atelier de la famille Milan en fait également les frais, tout est vidé. Cela n'enlève pas à Alexandre ce goût de la maille, et l'idée d'avoir sa propre marque fait peu à peu son chemin.
La résurrection de la marque Le Mont Saint Michel
La marque avant le rachat
Alexandre Milan n'a pas fondé la marque Le Mont Saint Michel, cette marque existait déjà depuis bien longtemps. Il l'a revivifiée et lui a donné une autre dimension.
Historiquement, Le Mont Saint Michel était une très belle marque de vêtements de travail fondée en 1913. Leur publicités de l'époque étaient visibles sur les murs, dans les campagnes. Chaque enfant connaissait le logo, qui faisait réellement partie du paysage visuel de l'époque.
Plus qu'un logo, la marque produisait des vêtements absolument increvables, d'une solidité à toute épreuve. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, ils n'habillaient pas les métiers de la mer mais de la terre : artisans, agriculteurs, charpentiers.
La rencontre entre l'atelier familial d'Alexandre et la vieille marque se fait dans les années 1980. À ce moment, Alexandre veut passer au stade supérieur : fonder sa marque en propre pour distribuer la production de l'atelier.
Sans une marque à lui, il se trouve obligé d'assurer la sous-traitance pour distribuer ses mailles, une situation dont il aimerait bien se sortir !
La redécouverte d'une marque en sommeil
Il redécouvre Le Mont Saint Michel et se rend compte que la griffe est admirée dans le monde entier : Japon, Scandinavie, Suisse... Ces vêtements de travail ont un statut quasi culte par leur qualité et l'image à laquelle ils sont associés.
On se les arrache d'occasion et en surplus, mais la marque ne produit plus rien.
Alexandre fait donc une offre et rachète la marque, associant son histoire et sa visibilité internationale à l'histoire de sa propre famille. Les deux ADN étaient totalement compatibles : la simplicité et la sobriété propre à une marque d'héritage workwear, ajoutées au savoir-faire d'Alexandre dans la maille, et plus généralement la confection.
Depuis la marque exporte ses mailles à l'étranger, dans le monde entier, grâce au logo graphique reconnaissable entre mille.
Mais depuis les débuts de la marque, le paysage du textile a bien changé dans le monde. . Et si Mont Saint Michel ne fabrique plus en France depuis plusieurs décennies, Alexandre, en grand technicien du vêtement, source régulièrement des ateliers aux quatre coins du globe.
Comme tout expert dans son domaine, il a également un point de vue parfois à contre-courant de ce qu'on peut lire ailleurs : il est extrêmement admiratif du savoir-faire récent des Chinois dans la maille et de leurs ateliers flambants neufs, équipés de machines dernier cri. Il se montre aussi beaucoup plus nuancé que nous sur l'utilisation du synthétique dans une maille, en mettant en avant la praticité et la facilité d'entretien qui en découle .
C'est donc ce mélange intéressant, à la croisée entre une marque française âgée d'un siècle et le savoir-faire pointu d'Alexandre, qu'on a voulu mettre en avant à travers ces deux pulls en laine.
Deux pulls en laine vierge
L'objectif de cette collaboration était de vous fournir un pull en laine vierge, en grosse maille, à la coupe ajustée et avec une texture bien particulière, afin de vous offrir une pièce chaude efficace et polyvalente, tant au niveau de la fonctionnalité (vous protéger du froid ! ) que celui du style (pouvoir le porter sous un blazer ou en étant très décontracté).
Une texture unique
La première chose que l'on remarque, c'est évidemment cette texture, qu'on pourrait qualifier de "gaufrée" ou de nid d'abeille. En fait, on appelle ça une maille retournée, car on utilise les deux côtés de la machine pour créer ce relief.
Étant donnée la forme de la texture, cela permet d'obtenir un pull visuellement intéressant, sans être trop épais ou inconfortable.
Comme d'habitude, le choix des couleurs est toujours un grand sujet chez nous. Si le pull bleu est un incontournable, avec ici un "twist" visuel grâce à la texture retournée, il fallait également une couleur plus inhabituelle.
On a donc choisi le bordeaux, car on estime que c'est une couleur très facile à porter et qui apporte de la variété.
Une laine vierge qui tient chaud
C'est un pull 100 % laine vierge, une matière qu'on n'avait jamais explorée pour le moment chez BonneGueule : la laine vient d'Australie et est filée en Autriche .
Puis le pull est tricoté, coupé et cousu en Roumanie, dans un petit atelier familial qui maîtrise bien cette matière. C'est ainsi qu'il obtient ce tombé très "net" et près du corps.
La laine vierge (d'une épaisseur de 27 microns) a l'avantage d'avoir une main plus "nerveuse", plus casual, et de présenter une très bonne robustesse dans le temps. On note d'ailleurs peu de boulochage par rapport à une laine plus fine.
Pour rappel, la laine vierge provient de la première tonte des moutons, et c'est une laine à laquelle on ne peut pas rajouter plus de 7% de fibres extérieures (souvent pour apporter de la tenue et de la robustesse). .
Et surtout, vu l'épaisseur de la maille, c'est un pull qui tient bien chaud ! Luca et Flo lors de leur journée de shooting venteuse, et Elie au ski, peuvent en témoigner. La texture alvéolée, l'épaisseur de la maille et la qualité de la laine vierge, font que le pull emprisonne pas mal d'air : cela lui donne une capacité d'isolation thermique remarquable.
Pour peu que vous n'habitiez pas au fin fond d'une montagne balayée par des vents sibériens, il suffira juste de rajouter une couche légère et coupe-vent - comme une softshell ou un trench - pour être paré à tous les aléas climatiques.
Dans le cas d'un froid rude (en-dessous de 5°C), mettez votre manteau habituel et je vous garantis que le mercure ne sera plus qu'un mauvais souvenir.
Une coupe ajustée mais confortable
Vous le savez, sur de la maille épaisse, tout l'enjeu est d'avoir une coupe ajustée. C'est là que la laine vierge est très pratique, puisque son élasticité naturelle maintient bien le pull sur votre buste, tout en le rendant très confortable. Vous aurez une vraie liberté de mouvement, sans vous sentir serrés dedans.
Et comme d'habitude, quitte à avoir une matière élastique, autant qu'elle galbe correctement les bras et dessine les épaules.
Luca apprécie la longueur de la manche, qu'on peut soit porter normalement, soit en la tirant légèrement pour qu'elle couvre plus la main.
Enfin, on a pris garde à ne pas avoir un bord côte trop serré, pour éviter que ne se forment des "bourrelets" trop prononcés. Comme je le disais, avec le "strech" naturel de la matière et du tricotage, il aurait été inutile de faire le contraire.
Chose que j'ignorais, le type de finition joue aussi sur la tenue de la coupe, notamment sur le sujet épineux du coupé cousu…
La question du coupé cousu vs le "fully fashioned"
Si vous lisez BonneGueule depuis un moment, vous savez que nous avons toujours recommandé d'avoir une finition "fully fashioned" par rapport à un coupé / cousu. Sauf que sur ce pull, c'est un coupé/cousu ! Pourquoi ce choix de notre part ?
Au début, je voulais effectivement du fully fashioned, mais Alexandre m'a mis en garde. Il m'a expliqué que sur une maille retournée, pour avoir une coupe bien nette et structurée, le coupé / cousu était préférable. Sans compter les techniques de diminutions / augmentations, à la mise au point longue et souvent incertaine. C'est son expérience qui a parlé !
Comment porter un pull en maille gaufrée ?
Comment choisir sa taille ?
Le sizing est très classique, prenez simplement votre taille habituelle !
Je sais que je dis ça à chaque lancement, mais c'est aussi simple que ça !
Comment se procurer les pulls BonneGueule x Le Mont Saint Michel ?
Les pulls sont disponibles ici dès ce dimanche à 14h, mais en quantité limitée !