À l'occasion de la sortie de notre nouveau blouson en laine, Geoffrey et moi avons voulu rencontrer Lionel Bonneville et l'équipe Jules Tournier, et vous ramener un peu d'ambiance de Mazamet.
Sous sa bonne humeur, Lionel fait preuve d'un grand attachement à son héritage, à la qualité de sa production et à l'écologie autour de l'usine.
Dans cette vidéo, on va se demander :
- quelle est la philosophie de la manufacture,
- quelle est sa politique environnementale,
- comment elle a assisté - et tenu - face au déclin industriel de la région,
- en quoi "l'esprit de famille" se retrouve dans l'entreprise,
- comment Jules Tournier construit son héritage...
On tient à chaleureusement remercier Lionel et son équipe pour leur accueil et leur gentillesse !
Les vêtements en drap Jules Tournier chez BonneGueule
Vous connaissez peut-être déjà ce drapier qui a réalisé les draps 100 % laine (et fabriqués en France ! ) pour :
D'ailleurs, j'ai le plaisir de vous annoncer que nous avons reçu un réassort global et que nous sommes donc parés pour l'hiver !
L'an dernier, la quasi intégralité des manteaux camel était partie en deux semaines, on n'avait pas prévu un tel engouement et beaucoup avaient été déçus de cette rupture de stock au beau milieu de l'hiver.
Cette fois-ci, on a appris de nos erreurs et on espère que les quantités seront suffisantes.
Toutes les tailles sont donc disponibles dans toutes les couleurs !
Maintenant qu'on a fait un point sur les stocks, Rafik va remonter pour nous l'histoire atypique de ce fabricant, où se mêlent des uniformes militaires, Balmain, Chanel, des vêtements techniques et de l'aérospatial...
L'histoire de Jules Tournier démarre y a 150 ans...
Mazamet, près de Toulouse, au XIXème siècle.
Sous l'influence d'un ministre napoléonien , la région est transformée en centre du travail et du commerce de la laine.
L'activité prend très vite ! Le succès est tel que nos amis du Tarn finissent par ouvrir des comptoirs en Amérique Latine - l'Argentine en tête - mais aussi en Afrique du Sud et en Nouvelle-Zélande.
C'est dans ce contexte que Jules Tournier fonde sa société de tissus en 1865.
Plus de 150 ans plus tard, il ne reste pas grand chose de l'industrie prospère de Mazamet. Les ateliers ferment, délocalisent... Pourtant, un irréductible se maintient dans ce paysage : Jules Tournier & Fils.
Quand on pense à une filature ou un drapier centenaire, qui plus est resté une affaire familiale, on imagine souvent des noms italiens. C'est donc un plaisir de pouvoir se pencher sur une entreprise bien de chez nous, qui continue de traverser le temps sans prendre une ride...
Une entreprise familiale comme on n'en fait plus
Le drapier des armées
L'histoire de Jules Tournier est intimement liée à celle de l'armée française. Il commence en fabricant des étoffes pour les officiers napoléoniens, puis habille nos soldats de la Première Guerre mondiale.
La manufacture produit notamment le célèbre "drap bleu horizon", porté dans les tranchées.
Les marins, à leur tour, sont emmitouflés dans des draps de laine Jules Tournier. Aujourd'hui encore, il continue sa collaboration avec le Ministère de la Défense.
Jusqu'en 1950, la production se résume à des draps de laine pour manteaux, ainsi que des feutres/lainages double face pour la chaussure.
Vers un tournant "mode"
Dans les années 60, le tisseur familial choisit de se diversifier vers des tissus "mode".
Habituée à une certaine exigence, il s'oriente naturellement vers le luxe et la Haute-Couture.
Jules Tournier fabrique ainsi des tweeds, plus confortables grâce à l'ajout de stretch, ou encore des draps 100% angora.
Parmi ses clients, on retrouve des figures de proue de la mode française, avec des noms comme Chanel ou Balmain notamment.
Look issu de la collection pre-fall 17 Balmain.
Balmain x Jules Tournier.
Ce n'est pas un hasard si Jules Tournier exporte aujourd'hui vers 42 pays avec, en tête, le Moyen-Orient, l'Asie et les USA. Là où le savoir-faire français est recherché !
En route pour le techwear !
Dès les années 70, le tisseur consacre une part importante de sa R&D au techwear, si bien qu'il représente maintenant 30% de la production totale.
On ne parle pas d'urban techwear, vous ne retrouvez pas ces matières chez Outlier ou The North Face. Il s'agit essentiellement d'une recherche de performances avec des tissus destinés à la protection individuelle, celle des machines ou encore à l’industrie aéronautique et spatiale...
Des savoir-faire certifiés "Patrimoine Vivant"
Jules Tournier est le tout dernier lainier français à être entièrement intégré. Il n'y en a aucun autre !
Comme le résume Lionel, sixième génération de la famille :
Il n'y a que les moutons que nous n'élevons pas.
Le contrôle total de sa chaîne de production
Grâce à son intégration verticale, Jules Tournier procède à chaque étape, depuis l'arrivée des bourres de laine à la création du tissu final.
La filature
La teinture
Le tissage ou le tricotage
Si la matière est un "chaîne et trame" , on parle alors de tissage. Celui-ci se fait sur de grands métiers, comme celui-là...
Dans l'autre cas de figure, le tissu est obtenu en constituant une maille . On parle alors de tricotage.
L'ennoblissement
C'est l'étape clef de tout le processus, celle où l'on apporte au tissu sa main finale. Foulage de la laine, feutrage, grattage, pose des apprêts techniques... Tout se passe sur ces grandes machines !
Le fleuron de la création française
Le travail et les compétences de Jules Tournier ont été reconnus par l'État, qui a décerné au tisseur le label Entreprise du Patrimoine Vivant. Celui-ci "distingue l'excellence de fabrication et les savoir-faire rares".
Ce label récompense des entreprises emblématiques de l'artisanat et l'industrie français. Parmi les autres "EPV", on peut entre autre nommer le brodeur Lesage ainsi que le joallier Chaumet.
Mais l'histoire avec Jules Tournier n'est pas finie ! On se donne donc rendez-vous très bientôt pour vous présenter nos nouveaux blousons en laine... Et en attendant, vous pouvez (re)découvrir nos blousons et manteaux.