A votre avis, quelle est la plus grosse erreur qu'on commet lorsqu'on se trouve une nouvelle passion ?
Brûler les étapes.
Qui n'a jamais été tenté, quelques semaines après la découverte des blogs et des forums de mode, de se dégoter les nouvelles Lanvin montantes vernies qui vont si bien à Killerdu92, qui tient le lookbook vedette de votre forum favori ?
En voilà un qui suit sûrement trop les forums de mode.
Vous avez peut-être aussi voulu, lorsque vous étiez dans une humeur passagère plus maussade et mystérieuse, vous essayer au full black et aux dernières Rick Owens de EmoVampireOfTheNight, pour, comme lui, montrer à quel point vous êtes à la fois profond et insaisissable.
S'orienter vers des pièces si pointues dès le début, c'est une erreur fatale aussi bien pour votre style que pour votre porte-monnaie.
J'espère en tout cas vous convaincre à travers ce test de sneakers National Standard, qu'avant de vous lancer dans des pièces pointues, il vous faut d'abord apprendre à maîtriser vos basiques, qui peuvent être plus riches et polyvalents qu'il n'y paraît.
Quelques mots sur National Standard
National Standard, c'est une marque française de sneakers que beaucoup d'entre vous connaissent déjà: c'est un peu une porte d'entrée sans risque dans l'univers des sneakers de luxe avec des formes pour toutes les morphologies (low, mid et montantes) et une offre qui se diversifie pour satisfaire de plus en plus de styles (desert boots et derbies sur la prochaine collection). Les designs sont traditionnellement associés aux Lanvin et aux Common Project.
Test des National Standard éditions 3
La paire qui nous a été proposée est une paire de Low, inclue dans l'édition 3.
On va pour ce test s'attaquer à un examen de base, un peu comme celui auquel se livre Gil dans son excellent article sur les sneakers pour homme.
La semelle
Cousue, épaisse, consistante : c'est du solide. Et pour cause : elle est conçue justement dans la même usine italienne que les semelles Lanvin et Common Project. C'est maintenant plus ou moins un secret de polichinelle, qui donne quand même déjà un très bon aperçu de la qualité des matériaux de ces sneakers.
Nombre de lacets
Rien de spécial à dire sur l'épaisseur des lacets et de la place qu'ils peuvent occuper sur la chaussure, c'est très sobre... Deux types de lacets sont proposés : des lacets en coton ciré (ou waxé) et des lacets écrus, de la même couleur que la semelle. Ce détail peut paraître anodin, mais je vais y revenir plus en détail car il peut potentiellement changer radicalement le style de la chaussure en s'y prenant bien. Mine de rien, c'est un peu du 2 en 1.
La matière
On a du daim de qualité, comparable à ce qu'on peut trouver chez des sneakers de créateur. Rien de particulier à dire là-dessus non plus, c'est du solide et les oeillets des lacets en métal nous le confirment aussi.
Design
La forme est épurée et comparable à celle des Lanvin et CP low. On retrouve l'embout de devant caractéristique des Lanvin, le contraste de matière en moins car il n'y a pas le cuir verni.
Mais après, tout, si c'est une des différences qui fait que la paire vaut 145 euros au lieu de 350, il faudrait vraiment être de mauvaise foi pour s'en offusquer.
Le design passe aussi par les couleurs, et j'aime beaucoup ce contraste de bleu marine /écru, authentique et décontracté. Il change du bleu marine / blanc immaculé caractéristique des Lanvin, que je trouve trop précieux et trop salissant.
Un bon design en sneakers, c'est enfin du "less is more": c'est pourquoi je n'ai pas vraiment compris la bande verticale écru contrastante au niveau de l'arrière. Je ne trouve personnellement pas qu'elle apporte une réelle valeur ajoutée. C'est le seul reproche, relativement mineur, que j'aurai à faire à ce modèle.
Reparlons de ces fameux lacets...
Les lacets en coton waxé
J'évoquais Lanvin tout à l'heure par rapport à la forme, à la semelle et à l'embout. Mais, vous le savez, Lanvin joue aussi sur le contraste de matière et aime faire briller ses sneakers.
Eh bien c'est un peu ce que ces lacets apportent: un contraste de matière et de rendu lumineux très appréciable. Leur couleur contribue à faire un bloc d'une seule et même couleur (à part pour l'arrière du talon), où c'est bien la matière et la prise de lumière qui font la différence.
Avec cette configuration, j'insisterai sur le côté précieux et je les porterai avec des tenues habillées un peu smart type pantalon en laine, blazer, chemise. Pour pousser le contraste et le côté décalé du dandy en sneakers, portez aussi pourquoi pas une pochette.
C'est en tout cas ce qu'avait proposé Lucas Ossendrijver dès son arrivée chez Lanvin en 2008 :
Une version smart mais déjà plus ordinaire, par Mr Porter :
Les lacets écrus
Ils donnent un côté plus authentique à la paire et la rapproche visuellement des Common Project en insistant sur le contraste écru / bleu marine.
Le mieux est donc de jouer le jeu en utilisant les codes de ces sneakers qui, avec le cuir suédé, sont à la limite de la desert boots : chinos beiges, jeans bruts avec ourlet et trame selvedge apparente, chemise chambray. Voire éventuellement chemise à carreaux. Tout le vestiaire casual scandinave et typique de l'Américana peut s'y joindre sans problèmes.
Pour illustrer mon propos, voici un petit shooting improvisé ce week-end en Bretagne :
"Elles sont vraiment polyvalentes : elles indiquent aussi le Nord"
Et, si jamais vous estimez que vous avez épuisé leur potentiel, jetez un coup d'oeil à ces conseils avisés de Lucas Ossendrijver qui vous montrera comment les réhausser avec un rien. Et qui donne de bons exemples de tenues smart à porter avec des lows :
Conclusion : Good or not ?
Si les puristes reprocheront à cette paire d'être trop inspirée des design Lanvin et CP sans rien apporter de nouveau, ceux qui veulent des sneakers basiques polyvalentes pour leur permettre de tester sans risques différents styles seront ravis.
Le rapport qualité/prix est imbattable grâce à deux facteurs : tout ce qui surcharge inutilement une paire est mis de côté, pour ne garder que l'essentiel dans des matériaux de qualité; et, vous l'aurez deviné, National Standard n'a pas vraiment pour le moment les mêmes dépenses marketing que des marques comme Lanvin et Common Project. On paie donc davantage pour le produit à proprement parler que pour la publicité.
Vous pouvez vous les procurer sur le site de la marque ou sur Menlook qui nous a permis de faire cet article en nous faisant tester une paire. Merci à eux.
A suivre... Dans deux jours, retrouvez le test d'une autre paire par Rémi, un fidèle lecteur !