Comment je m’habille à vélo ? Carte blanche… à Michel

Comment je m’habille à vélo ? Carte blanche… à Michel

Pendant presque trois ans, chaque dimanche midi vous aviez rendez-vous avec les Pépites de la rédaction. Jusqu'aux centièmes publiées par David début février.

À compter de maintenant, nous publierons un nouveau format indéfinissable baptisé "Carte Blanche", parce que nous ne savons pas ce que nous allons vous donner à lire. Il pourra s'agir d'un point de vue particulier, un coup de cœur pour une pièce, un coup de gueule contre une tendance, une inspiration étonnante, une idée saugrenue…

L'idée est de permettre à chaque rédacteur du pôle édito d'écrire sur un sujet qui lui tient à cœur, avec assez peu de contraintes. Au point même de s'éloigner du vêtement. Tout est possible.

Une forme de carte blanche qui a vocation à vous surprendre, à être un peu la surprise du dimanche. N'hésitez pas à faire part de vos commentaires et remarques. Bonne lecture. Christophe.

Imaginez :

Vous aimez les pantalons blancs, les mocassins et les longs manteaux. Vous prenez du plaisir à composer vos tenues le matin ou mieux, la veille.

 

En même temps, vous aimez votre vélo. Un vélo rapide : un singlespeed, épuré pour mieux fendre l'air. Quand vous roulez à toute allure, vous vous sentez libre. Vous sentez des ailes pousser dans votre dos jusqu'à la prochaine trottinette qui bloque la piste cyclable .

velo nebula 6KU

Crédit : beastybike.

Cette vie parait sympa, seulement voilà :

Pour pouvoir être léger et rapide, ce vélo n'a pas de garde-chaîne. Le bas de votre pantalon blanc est marqué au lubrifiant noir pour toujours.

Quant à votre manteau, vous êtes bien content qu'il vous arrive aux genoux. Vous l'êtes moins qu'il arrive à la roue arrière.

Les mocassins ? Le patin posé par ce bon cordonnier n'a pas rendu leurs semelles en cuir moins glissantes. Un coup de pédale un peu fort et vous êtes au tapis.

J'en fais des tonnes, mais la question est bien là : peut-on concilier passions du vélo (sportif) et des beaux vêtements ?

Je n'ai pas la réponse absolue mais je peux vous donner la mienne : oui, avec des compromis. Je profite de ce format bref pour vous donner les miens. Dans ma poche, j'ai des retours d'expérience, des bonnes pratiques et des erreurs que je peux peut-être vous éviter.

En route !

Anticiper la longueur de son manteau

manteau de bonne facture

Crédit photo : De Bonne Facture.

Le sujet n'est pas anodin : je connais quelqu'un qui, même avec un garde-boue, s'est pris son manteau en laine dans la roue arrière. Rien de dramatique, mais si on n'y fait pas attention, on peut avoir un accident.

Avec le temps, j'ai donc défini la bonne longueur de manteau pour que ma roue arrière ne l'avale pas.

Il suffit de s'assoir sur sa selle avec le manteau en question et s'assurer qu'il y a bien de la marge entre le bas du manteau et la roue. C'est tout bête, mais il faut l'anticiper.

manteau gris homme

Manteau BonneGueule.

Si c'est l'affaire de quelques centimètres, sachez aussi que certains manteaux se retouchent en longueur.

Vous pouvez aussi préférer les blousons en laine. Une forme bomber, par exemple. Une trucker jacket, c'est bien aussi.

 

À condition que la doublure ne soit pas synthétique, mais en laine. Boom ! Transition.

La laine reste reine

La plupart d'entre-vous le savent déjà : elle est respirante, thermorégulante et peu odorante.

D'expérience, mes vêtements en laine sont les plus efficaces face aux grandes amplitudes thermiques. Entre le froid matinal en descente sans pédaler et la chaleur de l'après-midi en plein effort prolongé.

C'est pour ça que j'ai abandonné l'idée de rouler en parka rembourrée l'hiver : entre la membrane, le rembourrage et la doublure, il y a bien plus d'obstacles à l'évacuation de chaleur que pour un simple drap de laine doublé de viscose.

Cela dit, j'avoue ne jamais avoir testé par moi-même de pièce avec un rembourrage technique de type Polartec ou Climashield. Autre chose : je roule vite et j'y mets de l'effort. Je chauffe donc vite. Une parka technique peut sans doute être adaptée à quelqu'un qui y va en douceur.

Cette année, je suis allé plus loin en passant au tee-shirt en mérinos.

tee-shirt merinos blanc

En hiver, j'en mets un à manches longues sous mes mailles. Tee-shirt BonneGueule.

Je confirme la différence avec un base-layer en coton. Il ne prend pas de mauvaise odeur et il absorbe mieux l'humidité. Je n'ai plus cette sensation désagréable d'avoir le dos complètement mouillé après un long trajet. Je ne m'en passe plus.

Eviter le tout-tricot

Ici, je partage rapidement une erreur que j'ai faite : compter uniquement sur de la maille en hiver.

En laine, c'est prometteur car ça permet, encore une fois, de bien vivre les amplitudes. Je l'ai donc fait une fois : col roulé épais et sur-chemise en laine bouillie. Rien de plus.

Je me suis rendu compte que j'avais omis un facteur : le vent. Quand il a frappé, renforcé par ma vitesse, le froid traversa la maille et je l'ai senti directement sur ma peau.

Conclusion : n'oubliez jamais une pièce coupe vent ou du moins, mettez un tee-shirt en dessous. Le vent traversera quand même les couches supérieures dans le second cas mais, le jersey étant un tricot moins ouvert, il vous protégera un minimum.

look homme pluie

Parka et col roulé Uniqlo, surchemise BonneGueule, casquette Harmony, jogpant SuitSupply, sneakers Veja.

Porter des pièces qu'on peut ouvrir

Sur-chemise, chemise et cardigan sont invités à la fête. Quand la température monte, je les ouvre et la chaleur s'en va instantanément.

Pour cette raison, je porte de moins en moins de gros pulls à col rond.

Froid : protégez plutôt le cou

Quand on roule à vélo sous zéro degrés, on attrape facilement froid.

Pour éviter ça, on est facilement tenté d'accumuler les couches de vêtements. Résultat : on transpire encore plus, on finit par retirer un vêtement et on tombe malade.

Mon avis : il ne faut pas ajouter de vêtements mais plutôt protéger le cou et les mains.

echarpe beige homme

Echarpe, gilet et pull BonneGueule.

Plus généralement, il faut garder en tête que quand on pédale, la température corporelle monte. Je m'habille donc toujours "un cran de chaleur" en dessous de la normale.

Besace ou sac à dos ?

J'ai longtemps été de la première équipe et maintenant, j'avoue être partagé.

Avec une besace, on transpire moins du dos.

Avec un sac à dos, on a les bras plus libres et on limite l'abrasion avec la sangle. Car oui, un sac à dos a deux sangles dont l'usage sur un extérieur en laine n'est pas recommandé mais une besace est pire : une seule sangle qui vous cisaille d'avant en arrière le long d'une diagonale quand vous roulez.

Je pense donc qu'il n'y a pas de réponse miracle et que chacun trouve le compromis qui lui convient.

Les poches italiennes, ça peut fuir

poche chino

Quand je roule, chaque coup de pédale rapproche mon smartphone de la sortie et c'est frustrant.

Là, j'avoue que je n'ai pas trouvé d'autre solution que de privilégier un 5 poches ou mettre mes affaires dans un sac.

Je pense aussi que ça dépend de la profondeur des poches italiennes.

Le pantalon blanc : se faire une raison

 

Attention, je vais enfoncer une porte ouverte. Vous êtes prêts ?

Oui, vous aurez une tâche sur le bas droit de vos pantalons clairs. Non, ce n'est pas grave.

En tout cas, c'est mon avis : les vêtements sont faits pour vivre dedans, vélo ou pas. Un pantalon blanc finira tâché tôt ou tard. Ça montre que vous vous l'appropriez.

D'ailleurs, tonton Squarzi en parle ici :

Si vous bloquez quand même sur ce point, demandez-vous combien de personnes remarquent ça dans une journée.

Le pantalon en flanelle, envisageable ?

Ma réponse officielle, c'est non. Je ne vous le recommande pas car dans beaucoup de cas, le pantalon en question lâche vite l'affaire.

Ma réponse officieuse : ça dépend.

Pour ma part, j'ai deux jogpants en flanelle épaisse que je porte amples à la fourche. Ça laisse de l'espace et ça limite les frottements contre les cuisses. La laine encaisse aussi moins d'humidité corporelle dans cette zone. Mon seul danger réel, c'est les frottements contre la selle. Je les limite en tenant bien en place dessus et en pédalant debout la plupart du temps.

Je suis conscient de réduire la durée de vie de ces pièces. Sans doute de peu, mais je l'ai en tête. Comme le pantalon blanc, je les ai achetés pour vivre dedans et en profiter.

En revanche, j'évite de le faire avec mes pantalons en flanelle fine ou en laine froide. Eux, je pense qu'ils n'ont aucune chance de survie.

Les pantalons larges : attention !

Paris, boulevard Sébastopol, 18h et quelques.

Je rentre chez moi à vélo, mes pieds tournent et d'un coup, l'un d'entre eux se retrouve bloqué au dessus du vide. Les pédales s'arrêtent. Je suis littéralement suspendu debout sur mon vélo.

Je retrouve péniblement l'équilibre et me range sur le côté, satisfait de ne pas avoir fini sous les roues d'un taxi.

Mon pantalon en velours s'est pris dans la chaîne. Le bas de jambe était si large qu'il avait réussi à se faire mordre par le plateau. Il a fini coincée dedans.

look workwear homme

Voilà le coupable. Surchemise vintage, col roulé et pantalon Uniqlo, boots et casquette BonneGueule.

L'anecdote s'arrête là et voici la morale : sans garde-chaîne, faites bien attention au cyclisme en pantalon large.

Deux techniques si vous y tenez quand même comme moi :

  • Le pince pantalon. On en trouve même en cuir
  • Rentrer son pantalon dans la chaussette. Moins cher mais je vous préviens, ça pique les yeux
pince pantalon cuir

Celui-ci me semble pas mal. Cuir au tannage végétal d'après l'e-shop ensellemarcel.com.

Les beaux souliers, ça fait glisser

Autre anecdote : un matin, je pars au travail à vélo, tout fier avec mes nouveaux mocassins qui sortent de chez le cordonnier.

Naïf que je suis.

D'un coup, mon pied droit glisse de la pédale et s'envole littéralement. Le pied gauche rattrape l'équilibre et je reprends péniblement ma route.

La leçon à retenir : une semelle en cuir sur un vélo, patin ou pas, c'est une mauvaise idée selon moi.

À tous les cyclistes sur le point d'acheter des mocassins : pensez aux semelles en gomme !

mocassins noir homme

Modèle Meermin.

Au fait, mettez un casque

Je vois trop peu de gens en porter et je sais que quand on veut bien s'habiller, on est d'autant moins tenté.

Moi même, j'ai eu du mal à m'y résoudre : pourquoi s'embêter à composer une tenue où chaque couleur et chaque volume est calculé, si c'est pour finir avec une demie noix de coco sur la tête ? Pour vivre. C'est une raison suffisante.

Ah moins que...

casque airbag homme

Non. Mettez un casque.

Je vous laisse méditer et j'espère que l'un de mes retours d'expérience vous servira ✌️

Pour ceux qui veulent faire du vélo et doivent porter un costume, voici nos conseils ici

Michel Bojarun Michel Bojarun
Michel Bojarun,

Geek du vêtement à plein temps chez BonneGueule et geek des platines en intérim au Berghain (un jour). Amateur de pantalons droits, de débardeurs, de chaînes dorées, de ceintures western (2cm de largeur max, évidemment) et de *insérer n'importe quel vêtement rétro-kitch*.

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