Crédit photo de couverture article : Heddels
Cet article est le troisième contenu proposé dans notre newsletter "Minute Selvedge" que nous avons lancée cette année.
Dans cette dernière, nous vous proposons tous les mois un contenu exclusif sur un sujet autour du vêtement qui nous passionne.
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Bonne lecture. :)
Sommaire
Bonjour,
Moi c’est Robin, je suis créateur de contenu sur la mode masculine et rédacteur de cette troisième édition de la Minute Selvedge.
Quand Benoît et David m’ont proposé de la rédiger, j’avais déjà une idée plutôt claire du sujet que j’allais choisir. Je tenais à vous raconter la quête qui a rythmé mon début d’année 2025 : la recherche de mon premier jean en toile selvedge japonaise.
Au-delà du vêtement, c’est la démarche liée à celui-ci qui me parle : le fait que chaque port, chaque mouvement, chaque habitude, va dessiner et façonner un peu plus une pièce que je garderai longtemps et qui saura raconter mon histoire.
Recherches obsessionnelles, multiples essayages, aller-retour entre Lyon et Paris. Si vous êtes déjà passé par là, vous allez forcément vous retrouver dans les lignes qui suivent.
Direction mon dressing, armé de mon fidèle mètre ruban et de mon 501 qui me va comme un gant. La recherche du jean de mes rêves peut commencer.
Mais pourquoi un jean japonais ?
C’est après une discussion entre amis passionnés du vêtement que naît mon intérêt (pour ne pas dire obsession) pour le denim selvedge japonais.
On aborde tous les sujets qui définissent cet artisanat si particulier : qualité du produit final, savoir-faire et méthodes de fabrication, attention portée aux plus petits détails. Il ne m’aura pas fallu longtemps avant de vouloir tout savoir sur ce qui rend le denim japonais si unique.

Avant de raconter l’histoire de celui ou celle qui le porte, le denim japonais, c’est un bond de presque 100 ans en arrière, qui fait le lien avec le vintage américain qui me passionne tant.
Avec le célèbre 501 de Levi’s comme muse, l’industrie du denim japonais explose après la Seconde Guerre mondiale. Et c’est à partir des années 80/90 qu’une réelle émancipation se crée de Levi’s, notamment grâce à Studio D’Artisan.
Quand beaucoup se contentent de produire des toiles industrielles très traitées donc lisses, Studio D’Artisan perpétue le savoir-faire traditionnel du denim en proposant par exemple des toiles non sanforisées, moins stables mais très authentiques d’aspect, tout en innovant sur les coupes, les détails, les types de coton utilisés.
Comment ne pas être subjugué par cette approche presque artistique de la confection de vêtements ?
Je prends presque plus de plaisir à m’éduquer sur le sujet qu’à l’idée d’acheter mon premier denim japonais. Mais chaque jour de recherche est un jour qui n’est pas passé à peaufiner le fading de mon futur jean. Il faut que je passe à la vitesse supérieure.
Une shortlist de 5 marques, et 1 favori inattendu
Les semaines passent, mes pauses déjeuner au bureau sont subtilement optimisées pour éplucher les catalogues de toutes les marques qui constituent ma shortlist.
Je le sais maintenant, je cherche une coupe droite, intemporelle, qui saura se marier avec le reste de ma garde-robe.
Les deux premières font honneur à l’Osaka 5 (groupe de marques pionnières de l’industrie du denim japonais) : Studio D’Artisan et Fullcount .
- Studio D’artisan pour l’héritage lié à la marque fondatrice du fameux groupe, mais aussi pour son approche extrêmement créative de l’artisanat comme l’utilisation de la méthode de broderie traditionnelle Sashiko ou encore un process de teinture au soufre.
- Fullcount parce qu’en plus de tisser un lien profond avec les inspirations américaines des années 40 et 50, la marque se différencie par ses choix de matières premières d’exception comme le Fox Cotton et le Suvin Gold pour la confection de leurs jeans.


Les deux suivantes sont des recommandations de mon ami Didier : Momotaro et Samurai Jeans. De superbes alternatives foncièrement différentes qu’il me tarde d’essayer : Momotaro par ses coupes plus modernes mais aussi un élément graphique très fort avec ses bandes roses, et Samurai avec ses toiles ultra lourdes et texturées. Et puis, s'ils me vont aussi bien à moi qu’à lui, j’aurais déjà fait une bonne partie du chemin !


Mais mes recherches me dirigent vers une dernière option, qui semble cocher toutes les cases : Sugar Cane. Un mélange de coton et de fibre de canne à sucre pour créer une toile dite neppy (aspect moucheté). Une ode à un concept japonais que j’adore, le Wabi-sabi, qui célèbre la perfection dans l’imperfection.

Il ne me reste plus qu’une chose à faire : Lyon Part Dieu, direction Paris Gare de Lyon. On y est presque.
Un week-end dans la capitale, entre essayages et semi-marathon
Weekend du 8 mars 2025.
Alors que je dois me concentrer sur une consommation optimisée de pâtes et d'électrolytes en préparation du semi-marathon de Paris le dimanche (je vous passe les détails mais je suis parti trop vite, j’ai eu l’impression de ne jamais sortir du bois de Vincennes et j’ai été pris de crampes au 18ème), je n’ai qu’une seule envie : essayer TOUS les jeans en denim japonais de Paris.
Me voilà lancé. La feuille de route est prête, les différents shops sauvegardés sur Google Maps, il n’y a plus qu’à.
First stop : Elevation Store. Je savais que j’allais pouvoir essayer plusieurs des références que j’avais pu noter, notamment le 0906-V de chez Momotaro. La coupe est assez ample, peut-être un peu trop. La qualité de la toile est folle mais un peu trop épaisse pour moi. J’en profite pour essayer un jean de chez Resolute, et un autre de chez Japan Blue mais pas de coup de cœur.

Prochain arrêt : Royalcheese. Je m’attendais à une énorme sélection et je n’ai pas été déçu. J'emmène 2 jeans en cabine : le S0510HX de chez Samurai Jeans et le Garage Denim de F.O.B Factory.
- La toile du S0510HX est magnifique, avec une texture dingue, mais encore une fois, comme pour le Momotaro, un peu trop lourde.
- Le Garage Denim était une belle surprise, avec de jolis détails, notamment la martingale (patte de serrage au milieu du dos) à l’arrière, mais malheureusement une coupe un peu trop ajustée pour moi.

Je me dirige ensuite chez Kiliwatch qui stocke LA marque : Studio D’Artisan. Je passe la porte, rempli d’espoir, je trouve le SD-101 dans ma taille, direction la cabine d’essayage.

Il est parfait, enfin presque. J’ai l’impression d’être entre deux tailles. Mon 34 habituel est un peu trop grand quand le 33 lui est un peu trop serré. Je n’ai pas envie d’avoir à faire reprendre le jean à la taille, et même si le 34 pourrait shrink et finir par m’aller comme un gant, je ne peux pas prendre le risque.
20 000 pas plus tard (les crampes au 18ᵉ kilomètre viennent peut-être de là ?) et un nombre incalculable de tailles et références essayées, il faut que je me rende à l’évidence : je ne trouverai sûrement pas mon jean aujourd’hui.
À moins que ? Il me reste une adresse à checker. Je saute dans la ligne 4, direction Rive Gauche.
Baroud d'honneur chez JINJI
La fin de journée approche et il me reste une dernière chance pour trouver le jean de mes rêves.
Me voilà chez JINJI, boutique mythique de la capitale, mais surtout la seule à stocker l’une des marques que je voulais absolument essayer : Sugar Cane. Je parcours les portants et tombe sur le modèle 1966 de la marque, qui était une des coupes qui m’avaient tapé dans l'œil.


C’était sans compter sur les quelques mots que je m'apprêtais à entendre : “Je suis désolé mais je n’ai plus votre taille, malheureusement”.
Une déception de plus mais je relativise. S’ensuit une discussion de quelques minutes avec Julien, responsable de la boutique, qui prend le temps de comprendre ce que je cherche. Je lis assez rapidement sur son visage qu’il sait la référence qu’il va me recommander.
Il monte tranquillement sur une échelle pour s’emparer d’un jean qu’il me tend, l’air de dire “tu m’en diras des nouvelles”. Mes yeux se posent sur le patch en cuir et j’avoue m’être senti un peu idiot sur le moment : après des semaines de recherches sur comment préparer cette journée d’essayage, comment ai-je pu oublier Fullcount ?
L’espoir renaît, je file en cabine pour essayer le 1101XX. Ça y est, je l’ai trouvé.

La coupe est parfaite, j’ai l’impression qu’il a été pensé pour moi. La jambe est bien droite, la taille un peu haute, exactement ce que je cherchais. La toile d’une richesse folle, lourde certes, mais super confortable grâce au coton zimbabwéen utilisé par la marque.


Toutes les cases sont cochées, le jean est soigneusement emballé, la recherche est terminée.
Me voilà dans le TGV retour, mon Fullcount en main, avec une seule envie : démarrer le processus et voir comment il va réagir à mon mode de vie, mes habitudes, mon porte-carte dans la poche gauche et mes clés dans la poche arrière. Ça aura pris du temps, mais je l’ai finalement trouvé, le jean de mes rêves.
- Et vous, si vous pouviez choisir un jean en denim japonais (et juste un seul), ce serait lequel ?
- Est-ce que vous opteriez pour une marque à l’histoire et l’héritage fort ou pour une marque plus créative dans son approche ?
J’adorerais connaître vos coups de cœur, vos recommandations et votre expérience si vous possédez vous aussi un jean selvedge, japonais ou non. Parlons-en, sur le Discord de Bonnegueule ou ailleurs.
Vous pouvez aussi explorer la gamme de jeans Bonnegueule, avec des toiles japonaises et aussi italiennes. On me souffle à l’oreille que de nouveaux modèles arrivent prochainement d’ailleurs. :)
J’espère que cette troisième édition de la Minute Selvedge vous aura plu. Restez à l'affût pour la prochaine !
Robin