Test : Boggi et ses costumes semi-entoilés qui respirent l’Italie

Je pense que vous serez d'accord avec moi, mais il me semble bien qu'un vent d'Italie souffle sur Bonnegueule depuis quelques temps... Alors j'ai décidé de m'y mettre moi aussi !

Non pas que je me sois mis à parler en bougeant les mains, à retrousser mes pantalons ou à faire le coq au Pitti Uomo.

Puisque mon pass Navigo ne me permet pas d'aller à Florence, j'ai décidé de prendre le métro parisien et de me rendre chez Boggi, sur les Grands Boulevards.

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Les propriétaires ne manquent pas d'humour : le magasin se situe Boulevard des Italiens, à Paris.

Dans une boutique Boggi...

Dans cette boutique, une équipe 100% italienne propose des costumes assemblés en Italie, par des artisans italiens, dans des matières provenant de manufactures italiennes prestigieuses (note pour plus tard : leur conseiller d'ouvrir un flagship Place d'Italie).

Devant le magasin, Thomas m'accueille et me fait visiter ce museo di eleganza italiana.

Au rez-de-chaussée, derrière les vitrines aguicheuses qui donnent sur la rue, je trouve les piles de chemises formelles et les grappes de cravates accessibles aux hommes pressés.

Au premier étage, je découvre l'exposition de tenues "week-end" avec une sélection de belles chemises casual et de vestes sportswear, dont de nombreux modèles arborent des épaules napolitaines dites "spalla camicia" (c'est à dire sans rembourrage, le fameux "padding").

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Par rapport aux vestes formelles, les vestes "sport" se caractérisent notamment par :
  • une longueur de veste plus courte car portée dépareillée,
  • un nuancier de couleurs qui va au-delà du gris et du bleu,
  • des textures et des matières plus originales, ainsi que des détails particuliers comme les poches plaquées.

L'offre de vêtements "casual" de Boggi me paraît particulièrement bien achalandée ! En effet, bien que cet étage corresponde à des tenues plus décontractées, les étoffes utilisées proviennent de maisons prestigieuses comme Vitale Barberis Canonico ou Loro Piana (soit la crème de la crème en termes de filature italienne).

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Je profite du salon situé au premier étage pour m'entretenir avec Thomas, au sujet de la marque (cf. interview en fin d'article).

Pour découvrir l'espace réservé au costume classique, RDV au sous-sol où se succèdent des salles dont les rayons recèlent d'ensembles formels. Je m'y rends en dévalant les marches 4 à 4, pressé de découvrir la gamme de costumes business.

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Entoilage intégral, toiles texturées, costumes thermocollés : chacune des petites salles décline un thème de costume. Ici, c'est l'espace réservé aux smokings.

Je demande immédiatement à Thomas de me présenter la gamme semi-entoilée, car je sais que c'est ce qui correspond le plus à mes attentes - s'il était encore besoin de le rappeler : les costumes semi-entoilés présentent la particularité d'avoir d'une toile tailleur en crin de cheval développée au niveau du plastron.

A l'instar des modèles intégralement entoilés, pour lesquels l'impact du prix de la main d'oeuvre rend le costume encore plus onéreux, les costumes semi-entoilés ont un tombé et une durée de vie qui n'ont rien à voir avec les costumes bon marché. Les étoffes de ces derniers sont renforcées d'un doublage thermocollant.

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Je demande des précisions à Thomas sur le modèle semi-entoilé exposé sur le mannequin, car le tissu attire mon attention.

À l'essayage, c'est le coup de foudre. Vous savez ce que c'est... Coûte que coûte, on ne peut pas faire autrement que de repartir avec !

Note de Benoît : à mon avis, après avoir longuement arpenté la boutique florentine, Boggi est très compétitif sur les pièces suivantes :

  • les chemises : beaucoup de choix dans les matières et les textures, ils font notamment des chemises en coton piqué de polo très confortables grâce à l'élasticité de la matière (c'est parfait pour les hommes costauds). Attention : ce sont des cols italiens très évasés (perso, moi j'adore) qui ont une classe incomparable avec ou sans cravate. Les prix sont vraiment raisonnables, il y a quantité de chemises pour moins de 100 €. Si vous en avez un peu de marre de la popeline ou de l'oxford, c'est chez Boggi qu'il faut aller !
  • les blazers décontractés : là aussi, on est ravis de voir autant de couleurs et de textures différentes.
  • les accessoires : très sympas, beaucoup de goût dans le choix des matières des cravates.
  • enfin, influence italienne oblige, il y a beaucoup de couleurs sur toutes les pièces. Ça ne peut que vous faire du bien de sortir du gris et du bleu marine !

Bref, si vous souhaitez une garde-robe élégante et décontractée, avec des pièces faciles et colorées dans des prix très raisonnables, Boggi est définitivement une adresse incontournable !

Test du costume Boggi en laine motif Prince de Galles

Modèle testé : costume Boggi, fancy wool
Matière : laine et mohair Drago
Taille : 46
Prix : 650 euros
Lien : e-shop Boggi

Une matière surprenante

La première chose qui m'a frappé, en découvrant ce costume, c'est l'effet visuel de l'étoffe, dont l'aspect change en fonction de la distance et de la lumière.
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De loin, on dirait une sorte de bleu électrique (je porte des lunettes Aviator de chez Randolph Engineering).

Mais à mesure que l'on s'approche, on découvre qu'il s'agit en réalité d'un motif Prince de Galles très subtil.
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De près, on peut apprécier le jeu des textures entre la veste et la cravate en soie tricotée (Ly Adams). En ce qui concerne les lignes géométriques, j'ai opté pour un contraste entre l'arrondi du col club (chemise La Comédie Humaine) et le revers cranté de la veste.

Au-delà du motif et de la couleur, il y a d'autres critères qui expliquent mon engouement pour ce modèle, comme la souplesse et la légèreté de la matière.

Aucun doute quant à l'origine de cette qualité de textile : c'est la marque de fabrique des filatures italiennes de renom, ici la maison Drago installée dans la ville mythique de Bielle.

Avec trois poches intérieures et une doublure noire, je trouve le niveau de finitions acceptable, mais je regrette que mon téléphone ne rentre pas dans la poche qui est en dessous de la ligne de cintrage.

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Je porte une ceinture qui provient d'une "cuerería" argentine, et j'utilise un téléphone assorti à ma pochette.

Une coupe de costume idéale

Si je ne devais retenir qu'une seule chose qui explique mon coup de coeur : ce serait la coupe et le tombé parfait du costume.

Pour ce qui est du tombé, le semi-entoilage est sans aucun doute un élément essentiel, sans lequel le vêtement n'aurait pas une telle tenue.

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L'impact de la toile tailleur sur le tombé de la veste s'apprécie notamment dans la fluidité de la partie avant de la veste, quand celle-ci est ouverte. Deuxième point caractéristique : le roulé du revers est rond et rebondi, plutôt que saillant et pincé.

Mais il n'y a pas que la méthode d'entoilage qui explique que ce costume m'aille comme un gant ! J'ai beau avoir essayé plein de costumes de prêt-à-porter, rares sont les taille 46 qui me conviennent aussi bien que celui-là et sans aucune retouche (tant au niveau de la veste que du pantalon).

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Je porte des Richelieu que j'ai achetées chez un bottier à Florence.

Afin d'illustrer mon propos, je vais vous présenter successivement les éléments qui me permettent de dire que ce costume est fait pour moi.

Les critères de choix du costume

  • Les épaules

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La couture coïncide parfaitement : elle est exactement à l’endroit où casse l’épaule, et non au-dessus du vide se situant dans son prolongement.

  • Le cintrage de la veste

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De face, les côtés de la veste forment une jolie courbe, sans pour autant créer des plis de cassage. De dos, la veste suit la cambrure, sans repiquer au niveau des fesses.

  • Le revers plaqué sur la poitrine

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À droite, une illustration de l'effet "revers qui se décolle de la poitrine", veste fermée. En l'espèce, le revers est parfaitement plaqué sur le buste dans les mêmes conditions à gauche.

  • La longueur des manches

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Pour mémoire, il doit toujours y avoir 1 centimètre de manche de chemise qui dépasse, lorsque le bras se tient le long du corps. Bras croisés comme ci-dessus, la chemise apparaît un peu plus et laisse apparaître la montre (modèle Enclave Mfg).

Note : Contrairement aux trois points précédents, la longueur des manches peut être modifiée. Votre tailleur / retoucheur pourra vous réaliser cette prestation sans problème.
  • Les autres critères

Si vous voulez en savoir davantage sur les critères de choix d'un costume, retrouvez le guide du costume, le guide du blazer, et le guide du costume de mariage que j'ai rédigés pour BonneGueule (si vous les avez déjà lus, ça ne vous fera pas de mal de réviser vos gammes) 😉

Les finitions du costume Boggi

Outre les points que j'ai déjà évoqués, il y a quelques détails qui sont véritablement dignes d'intérêt.
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Les manches sont dotées de vraies ouvertures, au contraire de la multitude de fausses ouvertures de manches qu'on peut trouver dans le prêt-à-porter.

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Les finitions du pantalon sont très propres : ganse à l'extrémité du tissu (plutôt qu'un point de surjeteuse grossier), double fermeture boutonnée avec une patte de boutonnage en capucin (triangle), point de renfort sur les poches.

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Les poches passepoilées à rabats sont renforcées par un point en triangle.

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Pour 650 euros, ce niveau de qualité de tissu, de confection et de finitions, ce costume représente une excellente opportunité. D'autant plus que, si on ne veut pas commander directement sur le site internet de la marque, on peut essayer les costumes en boutique.

L'interview de Thomas, vendeur chez Boggi

Romain : Peux-tu me présenter Boggi ?

Thomas : Boggi e marchio, contemporaneo, a la portata di tutti. 

Bon, OK, je vois que tu ne comprends rien à l'italien. Je te la refais en français : c'est une marque moderne, classique, et contemporaine, à la portée de tout le monde !

Pour la petite histoire, les trois frères Zaccardi ont racheté Boggi en 2003 à M. Paolo Boggi. À l'époque, Boggi faisait des costumes classiques comme aujourd'hui, mais c'était beaucoup plus cher.

Ces 3 frères, qui travaillaient dans le prêt-à-porter et détenaient notamment la marque Brian & Barry, se sont dits qu'ils allaient revisiter Boggi. Leur objectif était de baisser les prix, tout en gardant la qualité et la confection made in Italy, afin de s'adresser aux clients qui n'avaient pas les moyens d'aller chez Corneliani, Zegna ou Loro Piana.

Romain : Justement, qu'est-ce que vous proposez à vos clients ?

Thomas : Aujourd'hui, les hommes sont beaucoup plus exigeants. Ils connaissent les critères qui font un beau costume. Donc ils veulent des modèles entoilés, ou semi-entoilés, coupés dans des étoffes italiennes, mais avec un prix accessible.

Nous leur offrons tout ça, à un prix deux à trois fois inférieur aux offres équivalentes d'autres maisons italiennes.

Romain : Comment les frères Zaccardi ont-ils réussi à placer Boggi entre l'entrée de gamme et le prêt-à-porter de luxe ?

Thomas : Leur savoir-faire provient de leur expérience avec Brian & Barry, marque pour laquelle ils ont appris à maîtriser toutes les étapes de la production de vêtements haut de gamme, fabriqués en Italie.

Pour baisser les prix des costumes Boggi, ils ont conclu des deals avec leurs fournisseurs ; en se basant sur des grandes productions et les économies d'échelle qui peuvent en résulter.

Romain : Mais alors, puisqu'on parle de la même filière de fabrication, quelle est la différence entre Brian & Barry et Boggi ?

Thomas : Brian & Barry est une marque très connue en Italie, mais quasiment pas en France. Cette marque propose une gamme de costumes que je qualifierais "d'extravertis", un peu comme le néerlandais SuitSupply (qui, lui, fait fabriquer en Chine).

À l'inverse des deux marques précédentes, Boggi propose l'élégance italienne dans ce qu'elle a de plus classique et de plus intemporel, sans fioriture et au meilleur prix.

Boggi, ce n'est pas non plus une marque "à la mode" qui propose des looks sophistiqués avec des pulls à capuche portés sous des vestes. Même si Boggi a une marque sportswear, plus casual (qui s'intitule BM 39), on reste globalement sur une gamme élégante, qu'on ne verra pas se démoder.

Romain : Qu'est-ce qui nous attend la saison prochaine ?

Thomas : Je ne peux pas trop te dévoiler le travail de nos stylistes qui développent les futurs collections car cela tient du secret professionnel. Mais puisque tu insistes, sache que l'année 2016 verra venir le retour du blanc et du vert, qui deviendra le "nouveau bleu". Pour ce qui concerne 2017, tu peux te brosser !

Ciao Romain.

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