Qu'est-ce que la Japan Line de BonneGueule ?
On a eu l'idée de réinterpréter deux de nos vêtements phares de la ligne BonneGueule avec des matières japonaises uniques. Tout simplement.
Nous avons passé beaucoup de temps à vous expliquer notre amour des matières japonaises (à travers la collaboration avec Hast et Benjamin Jezequel, ou encore notre jean BonneGueule par exemple) et il était donc logique qu'un jour, nous venions à vous proposer des vêtements avec ce que le Japon a de meilleur à offrir.
Est-ce que nous allons sortir d'autres vêtements de la Japan Line dans les saisons à venir ? Très sincèrement, nous n'en savons rien, car tout dépendra de votre accueil.
En effet, nous avons avant tout fait cette "Japan Line" par passion des belles matières japonaises, de manière un peu naïve finalement.
Ce n'est pas le nombre de jeans écoulés qui nous motive, mais plus l'envie de vous faire découvrir des matières très particulières en dehors de la ligne BonneGueule classique. On verra donc la suite... Il est donc temps de vous présenter le premier des deux vêtements de cette Japan Line, un jean avec une matière de folie !
Une toile (des étoiles) du mythique fabricant Kurabo
Nous sommes extrêmement fiers de vous proposer ce jean avec une toile 13,5 oz de chez Kurabo, teinte avec de l’indigo naturel. Ça a l’air simple dit comme ça, mais vous allez voir, il y a une longue histoire derrière…
Kurabo est un fabricant de toile denim un peu particulier. C’est avant tout l’un des plus anciens fabricants de textiles japonais, puisque l’entreprise est largement centenaire. Mais c’est surtout le premier fournisseur historique de toile selvedge japonaise. Sans Kurabo, le paysage des toiles selvedge japonaises ne serait sans doute pas le même : il n'existerait pas !
En effet, dans les années 70, les marques de jean japonaises se fournissaient encore chez Cone Mills, fabricant historique de toile selvedge d’origine américaine (c’était l’un des deux piliers du denim selvedge américain, avec la défunte Amoskeag Manufacturing Company).
Mais les Japonais, ayant un savoir-faire textile, ne pouvaient plus se contenter d’utiliser du denim américain. Il leur fallait leur propre toile selvedge japonaise, surtout dans cette période où la culture américaine et la portée symbolique du jean (la rébellion, James Dean, tout ça) les fascinaient !
Ajoutez à cela une avancée technologique avec la mise au point du métier à tisser « model D » de Toyoda (oui, oui, avec un "D"), le goût des Japonais pour le perfectionnisme et l’artisanat, et vous obtenez un beau creuset pour la mise au point de ce tissu qui cristallisait tant de fantasmes.
C’est en 1972, après 8 essais, que Kurabo met enfin au point la toute première toile selvedge japonaise pour la marque Big John (qui n’utilisait que du Cone Mills). Ces 8 essais donneront le nom de cette toile mythique : la KD-8 (pour Kurabo Denim 8). Le premier jean 100 % Made in Japan est né !
Aujourd’hui, quantité de fabricants japonais de selvedge doivent beaucoup au travail acharné, et aux multiples inventions, de Kurabo pour créer une toile selvedge japonaise ; car ils ont inventé nombre de bonnes pratiques pour créer les meilleures toiles selvedge au monde. C’est un fabricant avec un vrai héritage.
En plus de la fabrication sur des métiers à tisser très spécifiques, Kurabo a été pionnier dans un autre domaine qui a fait le succès des jeans japonais : l’utilisation de l’indigo naturel.
L’intérêt de l’indigo naturel ? La manière dont la toile vieillit, incontestablement.
Les nuances de couleurs sont beaucoup plus riches et variées, et les délavages sont plus contrastés, qu'avec toute autre toile (même japonaise).
C’est-à-dire que les parties sur les plis s’éclaircissent franchement, tandis que les parties sombres gardent joliment leur couleur. Quand le jean est neuf, vous verrez que le bleu est plus profond, toujours grâce à ce fameux indigo naturel. Mais encore une fois, la différence entre l’indigo naturel et l’indigo de synthèse se révèle au délavage naturel, semaines après semaines.
L’indigo naturel a aussi un avantage : il est bien plus écologique que l’indigo synthétique, car l’eau utilisée pour sa fabrication ne contient que des résidus complètement naturels, et sans danger pour l’environnement. Il est cependant plus compliqué à faire et plus coûteux, car pour obtenir un denim de plus en plus sombre, il faut tremper plusieurs fois le fil de coton dans l’indigo naturel (en général, entre 15 et 20 fois).
Mais la fibre est vraiment teinte en son cœur, contrairement à l’indigo synthétique qui pénètre moins la fibre, et qui n’accroche que la surface de la toile (on parle de deep core dyeing).
C’est pour cette raison qu’un jean en indigo naturel vieillit plus joliment, car des nuances apparaissent petit à petit, avec une palette de teintes très subtile, en raison des nombreux bains dans la teinture.
Pour aller plus loin, n’oubliez pas que Milone a écrit un dossier très complet sur l’indigo et sur les difficultés passées à en fabriquer. La première partie sur le pigment indigo est ici, et l’autre est là.
Vu que c’est un indigo naturel et que le jean est sombre, il est normal qu’il déteigne un peu les premiers jours, mais c’est indissociable d'un magnifique délavage au fil des mois, tout en nuances. N’hésitez pas à le laisser tremper une première fois avec de la lessive pour textiles sombres pendant 40 minutes : pour le faire un peu dégorger au début, c’est très efficace.
Ensuite, n’hésitez pas à faire un revers à votre jean, c’est l’envers du tissu (la partie claire) qui sera en contact avec votre chaussure, et non la partie indigo. Vous le porterez sans revers plus tard...
Aussi, évitez dans un premier temps les chaussures claires en daim et autres matières qui « accrochent » la teinture. Mais sur des chaussures noires, bleues, marrons, ou de couleurs foncées en cuir lisse, vous ne craignez rien !
Enfin, faites preuve de recul : en plus d'être stylé d’avoir des chaussures patinées à l’indigo naturel, ça ne se voit absolument pas quand vous portez un jean par-dessus. Ça tombe bien, je ne comptais pas porter ces bottines avec un short 😉
Comment notre toile va-t-elle vieillir ?
Dans un premier temps, elle va très légèrement s’éclaircir uniformément et avoir une couleur plus bleutée (pour rappel, elle est très sombre au début). Et ensuite, des nuances turquoises vont apparaître sur les plis.
La qualité du coton fait que la toile va vraiment s’adoucir port après port, elle va très rapidement quitter son côté rigide et rêche, inhérent à une toile selvedge neuve. À noter également que la détente de la toile est très rapide, ce qui le rend sans plus attendre bien confortable (je vais revenir sur ce point).
C’est donc une toile très, très haut de gamme que vous avez sur ce jean, et bien rares sont les marques ayant accès à Kurabo. Car fournisseur japonais oblige, les contacts sont difficiles à avoir (par exemple, ils n’ont pas de bureau en Europe), et la rareté de la toile n’arrange pas les choses.
Aussi, la largeur du rouleau de tissu (que l’on appelle laize) est seulement de 80 cm, contre 150 cm chez les autres marques. Il faut donc plus de toile pour faire un jean.
Remercions Alexandre, notre chef de produit, qui a fait un travail remarquable pour accéder au summum de la toile selvegde. Il a vraiment fait appel à tout son réseau.
Des finitions aussi luxueuses ? Vous ne les trouverez tout simplement nulle part sur le marché français
J'ai vraiment fait un caprice à Alexandre pour ce jean : « fais-moi les meilleures finitions possibles ! ». Et vous allez voir, on est allé à un niveau bien au-delà de ce que j’imaginais…
Commençons par le bas, on y trouve le traditionnel point de chaînette que les puristes aiment tant.
Si vous retournez le jean, il y a plusieurs points à noter. La braguette est gansée, et, chose que j’ai rarement vu ailleurs, la couture des poches au niveau de la jambe est elle aussi gansée, ce qui donne un intérieur très propre, avec aucun risque de voir le moindre fil s’effilocher.
Quant au sac de poche (=le tissu de la poche), je suis atteint d’une étrange malédiction qui fait que je troue souvent mes poches de jean, alors que je n'y mets pas de clés. J’ai donc lourdement insisté auprès d’Alexandre pour un avoir un tissu 100% coton, bien épais et résistant.
Toujours à propos des poches, vous verrez que le sac de poche est cousu bien proprement à la toile denim, toujours afin d’éviter le moindre effilochage.
Enfin, dernier détail unique, toujours à l’intérieur de la jambe : le liseré rouge remonte tout en haut au niveau de la ceinture, alors que sur un jean selvedge classique, vous pouvez voir que le liseré est absent sur les derniers centimètres. La toile est tellement belle qu'il était très important pour nous de mettre en valeur ce liseré rouge jusqu’au bout.
D’ailleurs, la poche ticket est selvedge également, mais avec une petite particularité : si l'on trouve la traditionnelle couture orange à l'extérieur, quand vous regardez l’intérieur (donc là où il y a le liseré rouge), ce n’est non pas une couture orange que vous trouverez, mais une couture ton sur ton pour mettre en valeur ce liseré.
Quand on vous dit que le diable se cache dans les détails !
Passons aux passants de ceinture. Il y a un système de double passants qui permet de passer une ceinture fine comme une ceinture bien large, sans que le passant ne bouge.
Petit détail qui tue (et introuvable ailleurs), les passants sont doublés très proprement. Aucun risque d’avoir le moindre fil qui craque à force d’enlever ou de remettre votre ceinture.
Finissons avec les poches arrières. Elles sont semi-doublées, pour éviter la formation d’un pli extérieur avec le vieillissement. Mais plus encore, la doublure de la poche est cousue avec une couture dite « invisible », pour éviter le moindre accrochage avec vos clés, vos pièces ou vos ongles, quand vous vous servez des poches arrières.
Enfin, le rivet caché des poches arrières aura demandé beaucoup de travail à Alexandre, autant pour le mettre au point que pour le rendre "industrialisable". C’est une « feature » plus compliquée à ajouter qu’il n’y paraît , car elle vient interrompre la chaîne de production.
C’est assez technique, mais Alexandre a dû rajouter un peu de tissu noir (le même que celui utilisé pour doubler les passants), afin d’obtenir une très légère épaisseur pour que le rivet soit solidement fixé. Et le tout est enrobé d’un beau point d’arrêt 😉
Voilà pour l’ensemble des finitions, et à ma connaissance, il n’y a aucun équivalent sur le marché français, surtout à ce prix-là. Je n’ai vu aucun autre jean qui cumulait autant de finitions exclusives, et avec une toile aussi prestigieuse.
Si jamais vous avez vu un jean comparable vendu en France, je vous encourage vivement à le poster dans les commentaires, car Alexandre et moi avons beaucoup cherché pour avoir un point de comparaison.
Toile exceptionnelle + finitions exceptionnelles = jean exceptionnel
Le lieu de fabrication : vive la transparence
Dans cette vidéo, Alexandre vous fait revivre toutes les étapes de fabrication du jean.
Pour atteindre ce niveau de finition et de confection - tout en tenant un prix de moins de 200 € - nous ne pouvions nous diriger vers un jeaner classique (professionnel du délavage chimique). Il a fallu trouver un spécialiste, un façonnier qui maîtrise à la fois la fabrication de vêtements techniques / workwear, et la dimension mode du produit.
Alexandre s’est donc tourné vers une entreprise française, spécialisée dans plusieurs domaines :
- du workwear, le vrai. Ils font vraiment des habits de travail pour de grandes entreprises françaises, et sont donc habitués à faire des vêtements robustes et costauds,
- du vêtement technique,
- autrefois du vêtement militaire (notamment pour l'Armée de l'Air),
- du prêt-à-porter pour des maisons de luxe.
Cette entreprise française a une filiale en Tunisie, habituée à travailler sur du jean haut de gamme (et quand je dis haut de gamme, il s'agit de modèles à plus de 300 €).
Tout comme pour la toile, Alexandre s'est débrouillé comme un aventurier pour trouver cette usine mêlant tous ces savoir-faire.
La coupe : vous ne serez pas dépaysés
Nous avons donné comme instruction à l’atelier de refaire exactement la même coupe que notre jean BG 1.1 habituel. Mais, la matière étant différente, le ressenti n’est pas le même à l'essayage.
Vu que la taille est légèrement plus haute à l’arrière, il est rapidement très confortable, vous n’avez pas besoin de le « faire » pendant des semaines (ce qu'on appelle "effet cartonné"). Toujours dans cette optique de confort, nous avons relâché un peu la ceinture à l’arrière, ce qui peut surprendre au premier essayage.
Mais ne vous inquiétez pas, dès que vous mettrez une ceinture, et au fur et à mesure des ports, l’arrière va venir se plaquer correctement (et confortablement) contre votre dos. Magique !
Pour le reste, c’est comme d’habitude : nous sommes sur la même coupe semi-slim que notre premier jean, à l’ouverture de jambe de 18,5 cm. N’oubliez pas d’user et d’abuser de notre tableau de mesures, d’autant plus que nous l’avons enrichi d’une vidéo 😉
Mais sans aucune prise de tête, il suffit simplement de prendre votre taille habituelle, il taille tout à fait normalement.
Comment il tombe ?
Comment se procurer le jean de la Japan Line ?
La chemise en chambray est disponible ici dès maintenant, et le jean selvedge est juste là.