Je me souviens bien de mon premier contact avec la marque A.B.C.L. Garments, il y a un an environ.
Le site internet était très… minimaliste. Impossible d'en savoir plus sur cette marque qui semble cultiver l'opacité. Ou plutôt, parce que c'est une toute petite équipe, ils n'avaient sûrement pas les ressources en interne pour développer l'image et le branding.
Et pourtant, son pitch était très accrocheur : des vêtements fabriqués au Japon et en Italie, avec des tissus japonais, mais avec un goût italien !
Je ne savais donc pas du tout à quoi m'attendre lorsque je me suis envolé vers Venise pour aller rencontrer Mattia, l'un des deux co-fondateurs, et son univers.
Mattia vient me chercher à l'aéroport et on arrive donc dans une zone portuaire à côté de Venise, où je vois un énorme bateau en construction.
Mattia m'explique qu'on construit des bateaux de croisière mais qu'il y a aussi quelques marques de mode présentes dans cette curieuse zone qui rappelle presque Brooklyn, par ses bâtiments à l'architecture industrielle. Par exemple, il y a le siège social de Golden Goose, ou des modélistes de grandes marques de luxe.
Mattia me dit qu'il aime cet endroit à l'ambiance très "brute" et authentique, et c'est exactement l'impression que j'ai de sa marque.
On arrive dans ses bureaux et c'était exactement comme je l'imaginais : des bureaux simples, avec une touche vintage/workwear, du beau mobilier costaud et… une Harley Davidson qui trône fièrement !
Quelques images des bureaux A.B.C.L., repérées sur l'insta de la marque.
Toute la collection A.B.C.L. enfin exposée, avec quelques pièces d'archives que Mattia aime chiner.
Je comprends enfin un peu mieux la marque.
Mais commençons d'abord par présenter Mattia, l'un des deux designers à l'origine de A.B.C.L. Garments (le nom officiel !).
Mattia : l'ancien mannequin cabine devenu designer
Mattia a été mannequin cabine pendant 12 ans, pour de nombreuses marques italiennes. C'est-à-dire qu'on faisait les essayages de prototypes sur lui, et qu'on déterminait les retouches à apporter. C'est comme ça qu'il a appris le métier m'a-t-il dit.
Il était curieux et il posait beaucoup de questions aux modélistes et stylistes : pourquoi ce pantalon tombe comme ça ? Qu'est-ce que vous allez corriger ? Que se passe-t-il si on rajoute ou on enlève du volume ici ?
Imaginez faire ça pendant 12 ans, au quotidien. A la fin, vous avez une expérience vraiment unique, renforcée par la variété des marques que vous avez croisées.
Et c'est comme ça que Mattia, sans faire aucune étude de mode (il est diplômé d'économie), a pu avoir une expérience très orientée "produit", au fil des années.
Chose amusante : Mattia est quelqu'un de très discret, il m'a confié qu'il avait dit à très peu de personnes la nature de son métier de mannequin, car il ne voulait pas être rattaché à l'image qu'on se fait de cette profession.
Je lui ai donc demandé quel était son style vestimentaire à l'époque.
Il s'est pendant longtemps habillé avec de grands labels italiens : Dolce & Gabbana, Armani, des jeans Diesel, etc.
Et puis grâce à son beau frère, Antonio, il découvre les matières japonaises.
Il tombe amoureux des grains et des textures des tissus japonais. Normalement, si vous suivez BonneGueule depuis un certain temps, vous avez dû connaître la même chose !
Entre-temps, Mattia se pose et fonde une famille.
Quand il me parle de cet événement, je sens que c'est important pour lui.
Ses années où il sortait beaucoup, où il avait des vêtements clinquants sont terminées pour de bon. Et il aspire à une vie beaucoup plus simple et épurée, portée sur l'essentiel à ses yeux : sa famille et ses amis.
Sa garde-robe change totalement : elle se simplifie, devient intemporelle, simple et facile à porter. Les couleurs se resserrent autour du gris, du bleu, du kaki, du blanc. Il me dit qu'il aime rester dans ces couleurs car le matin, composer des tenues dans ces teintes devient un jeu d'enfant.
Tiens, tiens, rester dans des couleurs simples, belles et naturelles pour s'habiller, ça ne vous rappelle rien comme conseil ?
Ses chemises en oxford et en voile de coton japonais remplacent peu à peu ses chemises à motifs de designers italiens. Les chinos et les jeans selvedge font de même avec ses anciens jeans artificiellement délavés et troués.
Bref, Mattia veut de l'authenticité dans sa garde-robe, je peux en témoigner directement, car je l'ai vu de mes yeux :
Ca m'a fait bizarre, car pour la première fois de BonneGueule, j'ai pu enfin ouvrir le dressing d'un créateur de vêtements.
Plus que des vêtements de créateur, c'est la marque d'un jeune père de famille que vous êtes en train de découvrir. Un père de famille pour qui sa femme, sa petite fille et ses amis sont ce qu'il a de plus précieux.
Et quand vous comprenez ça, vous comprenez A.B.C.L. et son orientation vers une esthétique simple et authentique.
Pour l'anecdote, Mattia me dit qu'il aime beaucoup les montres, je lui demande à voir l'une de ses favorites, et il me sort une G-Shock en collaboration avec… Maharishi ! Il me demande si je connais cette marque londonienne, et je lui réponds avec un grand sourire.
A.B.C.L. et les amis et la famille de Mattia
Avec une marque aussi minimaliste dans sa communication, il est difficile de percevoir la dimension "famille et amis" impliqués dans A.B.C.L.. Mais elle est bien présente.
Mattia adore faire appel à eux. Et regardez cette photo :
C'est un ami charpentier qui joue le mannequin tandis que c'est Mattia qui prend la photo. Le shooting a été fait sur une île, et ils y sont allés avec le bateau d'un ami.
Nous allons ensuite dans l'un de ses bars préférés pour rejoindre ses amis. C'est le style de vie vénitien tel que Mattia me le raconte : nous sommes dans un bar, à manger des antipasti et à partager un excellent vin italien dans d'immenses verres à pied, au comptoir, dans une ambiance très conviviale.
C'est l'extrait que vous pouvez voir dans la vidéo, et vous voyez que Mattia transpire le cool !
Mattia me dit que ce sont ces moments-là qui l'inspirent beaucoup. Je comprends d'un coup pourquoi la collection A.B.C.L. est autant orientée vers la décontraction et les coupes confortables.
Même les vêtements tailleurs type blazer restent très fluides, sans padding aux épaules, dans la plus grande tradition italienne.
Il nous présente ses deux amis d'enfance, qui l'ont soutenu depuis le début dans la création de la marque, qui ont testé les prototypes, qui lui ont fait les premiers retours sur les coupes, l'ont aidé sur leur eshop, etc. Mattia adore impliquer ses amis.
Je commence à percevoir de mieux en mieux une dimension que je n'avais pas vu venir, A.B.C.L. est une marque entièrement tournée vers des moments conviviaux, simples et authentiques avec les gens qu'on aime.
Bah oui, ça paraît très convenu comme discours, mais c'est la première fois que je le ressens aussi fortement chez une marque. Et je dis pas ça parce que j'ai bu de l'excellent vin italien dans des immenses verres à pied !
Bien sûr, il y a un discours "officiel" indéniable (et habituel) sur la qualité et les finitions — on va y venir après — mais il n'y a pas que ça.
Mattia pense des vêtements pour vivre ces moments-là, pour ceux qui aiment les très belles matières, avec du grain et du relief. Ce sont des vêtements pour se promener en bord de mer avec sa moitié, pour rejoindre ses amis dans le bar du coin et finir dans un grand dîner chez un pote.
A.B.C.L. Garments : le mélange parfait du japonais et de l'italien ?
Pour reprendre : A.B.C.L. Garments est une marque qui mélange les influences italiennes aux matières japonaises.
Si vous regardez certaines marques japonaises, vous verrez qu'il y a toujours une tonalité workwear bien présente au niveau des boutons, des coutures, malgré de belles matières japonaises. En effet, les japonais sont de grands fans de la réplique et du vintage américain, c'est pour cette raison que les codes du workwear sont si présents.
A.B.C.L. fait les choses différemment : on garde des matières japonaises, mais avec un goût, un "flair", beaucoup plus italien. Exit donc les boutons en métal et les coutures blanches très visibles sur les chemises en chambray japonaises, mais place à un col beaucoup plus européen ou des boutons cousus en zampa di gallina.
Ce mélange entre le sartorial italien et les matières japonaises se réflète très bien dans leurs costumes (pas encore disponibles pour le moment) où de très belles vestes déstructurées, dans la pure tradition italienne, qui sont montées dans des tissus japonais.
Quant au nom de la marque, il vient tout simplement… de l'alphabet : ABC, ce sont les premières lettres qui désignent le début d'un projet. Ou aussi, le début d'une garde-robe de qualité. Le "L" fait référence à un surnom d'Antonio, le beau-frère de Mattia, avec qui il a fondé la marque.
Antonio a un rôle clé, puisque marié avec une japonaise, il habite au Japon et il a une énorme expertise sur la chemise, puisqu'il gère la fabrication en Asie de nombreuses marques.
C’est comme ça qu’ils ont commencé la marque : avec des chemises en tissu japonais fabriquées au Japon. Quand aux pantalons, le choix s’est porté sur l’Italie pour la fabrication, car c’est une pièce que Mattia maîtrise bien et que, après tout, il réside près de Venise !
S'agissant du petit logo de la couronne, c'est un clin d'oeil à l'univers de la chemise sur-mesure. En général, les initiales sont brodées, mais pour éviter d'avoir deux chemises avec les mêmes initiales, certains y ajoutaient une petite couronne pour différencier les deux clients.
Notre pantalon BonneGueule x A.B.C.L. Garments
Parce que nous avons une ligne de chemises japonaises bien fournie, nous avons voulu travailler le pantalon avec Mattia, car c'est le type de pièce où il a une vision bien à lui, au croisement de son passé de mannequin cabine, son goût pour le vintage et l'importance qu'il accorde à la décontraction d'une coupe.
Une coupe confortable
Les pantalons A.B.C.L. ont une coupe avec un parti pris assez fort, relativement large. Mais je trouve qu'en dehors d'une tenue assez pointue, elle est compliquée à manier.
C'est pour cette raison qu'on a retravaillé la coupe de notre pantalon sur cette collaboration.
Nous avons gardé ce confort au niveau des cuisses, mais nous avons affiné le mollet et la cheville. On est donc sur une coupe carotte, proche de l'esprit de notre jogpant en flanelle.
C'est un vrai mélange entre une silhouette décontractée et une allure contemporaine : on est loin des coupes japonaises amples "premier degré" des pantalons workwear.
L'autre élément qui donne du confort à ce pantalon : le cordon de serrage. Mattia raconte qu'il a eu l'idée en voyant un de ses amis japonais qui n'aimait pas porter de ceinture et qui prenait toujours un cordon à la place.
A noter que le pantalon est également muni de passants. Ainsi, vous pouvez rentrer les cordons de serrage à l'intérieur et porter une ceinture comme si de rien n'était.
Un dobby japonais
La matière a une texture bien à elle : c'est un tissu 100% coton avec un relief de type dobby.
Chose plutôt inhabituelle sur ce type de tissu aéré : c'est une matière selvedge, qui vient d'Okayama (et qui est tissée sur les vieux métiers à navette, comme d'habitude avec le selvedge).
Notre pantalon est de couleur indigo, donc extrêmement facile à porter. Que ça soit avec un tee-shirt ou une chemise, vous n'aurez aucune difficulté à le porter.
En chaussures, les sneakers seront le choix privilégié, et évidemment toutes les chaussures estivales : sneakers légères, mais aussi espadrilles, mocassins ou encore… une belle paire de tongs en cuir !
Mattia résume cette matière ainsi, avec son accent italien : "really open, light and summer vibe". Et pour le coup, sa description est très juste !
Là aussi, c'est une pièce où je dois dire quelques mots sur le prix. Comme je le rappelle, c'est un pantalon fabriqué en Italie, dans un atelier spécialisé dans le haut de gamme, dans une matière japonaise selvedge, avec une laize (= largeur du rouleau) réduite, donc plus d'emploi matière et avec l'utilisation de plus de liserés selvedge comparé à un jean classique.
C'est pour cette raison que le prix sera compris entre 200 et 230 €, car c'est une pièce qui n'a pas grand chose à voir avec un chino en coton basique monté au Portugal.
Les finitions : du selvedge partout !
On retrouve le selvedge le long de la jambe, mais aussi sur les poches arrières.
Quant aux poches et aux ganses intérieures, c'est un chambray 100% coton qui les habille.
Chose plutôt rare sur un chino : ce sont de beaux boutons en corne qui sont présents au niveau de la braguette plutôt qu'un zip en plastique.
Enfin, dernier détail propre à A.B.C.L. : ce passant de ceinture détourné avec le liseré selvedge, c'est le détail signature des pantalons de la marque.
Sur ce, je suis super content de vous proposer LE pantalon pour vous accompagner dans vos promenades au soleil !
Comment se procurer notre pantalon BonneGueule x A.B.C.L. Garments et les autres nouveautés d'avril ?
Nos vêtements sont disponibles sur notre e-shop et dans nos boutiques à Paris, Lyon et Bordeaux. A toi de choisir !