Retrouvez Nicolas dans notre lookbook “Les Costumes, Nouvelle Saison”.
Nos nouveaux costumes sont disponibles ici.
Louis : Bonjour Nicolas, peux-tu te présenter et nous dire ce que tu fais dans la vie ?
Nicolas : Je suis co-fondateur de PLAQ, avec Sandra Mielenhausen. Nous avons commencé l’activité en septembre 2019, après deux ans de formation, de gestation et enfin la mise en place du projet.
L : PLAQ, c’est quoi pour toi ?
N : C’est une manufacture de chocolat, "bean to bar", un terme un peu vulgarisé. C’est un chocolat qu’on maîtrise de A à Z, de la fève jusqu’à la plaque. On préfère d’ailleurs ce terme qu’on s’est réapproprié. On veut refaire découvrir le goût du vrai chocolat aux épicuriens, parce que c'est un produit très dénaturé par les industriels. 95% du chocolat est fabriqué par des industriels et il est difficile de connaître son origine. J’avais mangé beaucoup de tablettes de chocolats mais je n’en n’avais jamais fabriquée. C’était donc assez culotté, qui plus est en voulant s’installer rue du Nil, à Paris.
L : Justement la rue du Nil, ça représentait quoi pour PLAQ ?
N : La rue du Nil est un label qualité sur le sourcing, sur l’exigence vis-à-vis des produits. Ça a mis la barre assez haute, là où la voulait avec Sandra. Nous étions nous-mêmes clients de commerces dans la rue du Nil, avec des gens prêts à mettre le prix pour la qualité.
On ne s’est pas trompés, puisque 6 mois après l’ouverture, le Covid est tombé et ça a créé une émulation. On s’en souvient à peine aujourd’hui, mais les gens avaient une heure pour faire leurs courses dans un rayon d’un kilomètre. Rue du Nil, Il y avait une queue devant les commerces et beaucoup de personnes pas forcément intéressés par le chocolat sont venus se faire plaisir chez PLAQ. On s’est tout de suite dit “il faut qu’on puisse ouvrir durant cette période, sinon on est mort”. On avait à peine 6 mois d’existence, on était quatre dans la boutique et on se regardait dans le blanc des yeux. On s’est dit "on y va, on n’a pas le choix".
À la maison, les grandes filles ont gardé les petites et on s’est mis en mode commando… Des gens nous ont demandé si on était un commerce essentiel. Bien sûr qu'on l’était ! On a participé à un mouvement qui nous a ancré dans le quartier. Nous avons amené les fans de chocolats à la rue du Nil. Ce qui est magique dans cette rue, c’est sa proportion qui crée son charme fou. Il ne faut pas que ça devienne trop caricatural quand même !
La boutique PLAQ située au 4 rue du Nil, dans le 2e arrondissement de Paris. Elle est tenue par Sandra et Nicolas, qui y fabriquent le chocolat de A à Z, de la fève à la tablette. @plaqchocolat. Crédit photo : la Grande Epicerie de Paris
L : Qu'en est-il d’ailleurs des autres projets de PLAQ ?
N : On a ouvert à Paris un pop-up store rue des Martyrs et on a aussi eu une présence à Lafayette Gourmets à Pâques dernier. Tout s’est très bien passé. Des clients qui nous connaissaient étaient ravis de nous retrouver plus près de chez eux, d’autres étaient contents de nous découvrir. C’est d’ailleurs notre prochaine étape : nous faire découvrir en-dehors de la rue du Nil.
@plaqchocolat
L : Que représente l’entrepreneuriat à tes yeux ?
N : Hier je parlais à Réseau Entreprendre, dont nous étions lauréats et que nous avons rejoint comme membres. Une des qualités de l’entrepreneur, c’est l’audace. On a dit "qulotté" avec un "q" dans les valeurs de PLAQ. On a fait un acronyme post-conception : “Pur Libre Artisan Qulotté” qui est écrit dans la boutique.
Je me rappelle présenter le business plan à des banquiers dans lequel j’allais vendre X milliers d’euros en tablettes de chocolat. "En aviez-vous fabriqué avant ?", m'ont-ils demandé. J'ai répondu : "non, juste dans ma cuisine".
Derrière, c'est un investissement total de couple. Ça donne une force mais ça nécessite un équilibre dans sa vie personnelle. C’est très prenant. Nous nous pensions des experts quand nous étions en réalité des débutants. On goûtait des plaques de chocolats et on comparait des choses qui ne pouvaient pas l’être.
L : Et si l’on parle vêtements maintenant, ça va te paraître un peu loin ?
N : Ah non pas du tout ! C’est marrant, c’est par là qu’on s’est projeté d'une certaine façon. On s’est demandé "comment va-t-on s’habiller ? Quels vont être les uniformes, l’identité visuelle, nos nouveaux métiers ?"
Il y a des codes dans la chocolaterie et nous venions du monde du luxe et du graphisme. Il fallait concilier les deux. Le choix de nos vestes La Laboureur, dans quelle matière, quelle couleur ? C’est notre packaging à nous ! Il fallait trouver une couleur. Nous ne nous retrouvions pas vraiment parmi les trois couleurs de la profession : le blanc, le noir et le bleu. Nous avons alors choisi le gris qui entrait davantage dans les packagings.
Pour les matières, nous nous sommes rendus compte que les différentes fonctions de l’entreprise allaient demander plusieurs uniformes. On a donc quatre uniformes distincts ! Par exemple, le chocolatier a besoin d’une matière qui se lave à haute température, on a dû aller vers des matières techniques comme le polyester. Pour la vente on a pu faire des choix avant tout esthétiques, on a alors fait le choix d'un t-shirt tout simple mais bien sourcé avec notre logo.
L : Quel est ton rapport au vêtement de tous les jours aujourd’hui ?
N : Il a beaucoup évolué. Le fait de changer de métier et de vie m’a fait changer de vêtements.
Il y des choses que je ne mets plus du tout. Par exemple, je ne porte plus de vêtements de bureau. Déjà, dans ma vie d’avant, il y avait une liberté totale du fait que je travaillais dans l’univers créatif. Et je cherchais tout de même à garder une certaine élégance. J’avais juste à faire un petit pas de côté par rapport au style très traditionnel. Maintenant, c’est un pas de côté supplémentaire. Je suis vraiment plus dans une recherche de confort parce que je suis amené à faire bien plus de mouvements : je dois prendre des vêtements plus amples. C’est la mode en ce moment mais ça va aussi avec mon besoin.
Ces dernières années, j’ai réduit drastiquement mes achats. Maintenant je mets à jour ma garde-robe doucement, de manière très réfléchie. Là j’ai des chaussures de cuisinier australien Tasmania Australia. Elles sont assez cool et plutôt techniques.
Ma veste, je l’ai achetée à la Blouse de Lyon, revendeur de la marque Le Laboureur. Je porte un jean japonais, pas donné mais hyper confort. J’achète auprès de marques qui ont les mêmes préoccupations que moi : pratiques, qui se lavent à haute température et qui gardent une élégance.
J’achetais des costumes Vetra, marque workwear qui s’était aventurée sur les costumes. Aujourd’hui, je vais sur ces marques-là, très héritage et authentiques, et je vais y chercher un vrai vêtement technique et fonctionnel dès le départ. Je trouve que ça a son charme.
L : Si aujourd’hui, on entre chez toi et qu’on ouvre ton dressing, qu’est-ce qu’on y trouve ?
N : On y trouve ma garde robe qui date d’avant 2017 que je ne mets quasiment plus. J’ai mis à jour mes jeans, agrandi mon dressing en sweat-shirts, t-shirts et surchemises.
L : Le costume, tu ne l’as jamais vraiment porté en fait. Mais maintenant c’est terminé ?
N : En fait j’en avais, pour des mariages, des occasions spéciales. J’avais déjà des costumes Vetra en moleskine de coton. Aujourd’hui ce n’est plus mon quotidien.
Par "Tasmania Australia", on pense que Nicolas parle de Blundstone ! C'est en effet une marque australienne basée en Tasmanie. On avait parlé de Blundstone ici notamment.
L : Tu as participé à notre shooting costumes et nous t'en remercions. Pour toi ça représente quoi le costume ?
N : Pour moi le costume c’est une fonction plus bureau ou représentation. Me revoir en costume alors que ça faisait longtemps que je n’en avais pas porté, ça m’a rappelé que j’aime bien ça. Celui que j’ai porté pour le shooting, je me suis dit “tiens, celui-là ça me ferait plaisir de le porter pour aller à un événement."
C’est un costume léger, confortable. Je me vois bien dedans pour un mariage, mais aussi au quotidien : de manière décontractée avec des chaussures cool ou un t-shirt, je l’assumerais dans le travail. Je peux le twister, en dépareillant la veste avec un t-shirt et un jean, ou encore le pantalon associé à autre chose. C’est le côté coordonné qui ne me va plus. Si je vais au bureau comme ça on va me dire “tu vas voir un banquier ou tu vas à un mariage ?”
L : Merci Nicolas. Le mot de la fin, peut-être ?
N : Ça m’a fait plaisir de faire ces essayages et ce shooting avec BonneGueule. J’ai trouvé des pièces de qualité qui correspondent à ma préoccupation. Marc Beaugé dit que le meilleur vêtement, c’est celui qu’on n’achète pas. C’est assez dur pour l’industrie de la mode mais ça fait quand même réfléchir. Le bon achat c’est celui qui est raisonné. C’est comme le chocolat finalement !