Je me posais une question.
Vous ne croyez pas qu'il devrait y avoir un châtiment réservé à ceux qui font le mauvais choix de col de chemise ? Un châtiment de rien du tout, histoire de marquer le coup je veux dire.
Comme par exemple 25 pompes ou imposer la chanson “Elle me dit” de Mika pendant 24 heures ou encore obliger à toucher la clôture électrifiée d’un enclos à chevaux.
Dans un but purement éducatif.
Non ?
Choisir le mauvais col, c'est quand même avouer une incapacité chronique à porter un regard juste sur son propre corps. Et c'est triste.
Eh oui, car comme toujours, le point de départ de toute réflexion sartoriale, c’est le corps. Le vôtre hein. Non mais je précise, pas celui que vous rêvez d’avoir. Et je vais me répéter mais : écouter la mode, c’est remplir son vestiaire de vêtements qui vont bien aux autres.
Alors comment faire pour choisir le bon col de chemise, vivre heureux et éviter l'électrocution ?
C'est par ici.
TOUT D’ABORD : CE QU’IL NE FAUT PAS FAIRE, JAMAIS ET SOUS AUCUN PRÉTEXTE
Je peux vous faire un aveu embarrassant ?
Il y a des années, je me suis lamentablement pris les pieds dans le tapis perfide du mauvais goût : j'ai acheté une chemise marron et rose, un col marron, un col rose bien sûr et double-boutons, d’une marque dont le nom comporte deux “o”, un “x” et un “s”. Je me rappelle encore la remarque de la vendeuse : “Ah bah voilà ! Ça change au moins !”
Et effectivement, ça changeait.
Ça changeait de ce qu’on pouvait attendre d’une chemise de qualité.
Ça changeait de tous les types qui s’habillaient avec une vraie classe intemporelle.
De retour à la maison, je la passe parce que j'ai un doute affreux, me regarde dans le miroir et j'ai honte. Une honte comme un coup de poing dans le ventre. Celle qu'on ressent au réveil des lendemains de soirées où on a fait des choses qu'on n'aurait pas dû.
Du coup, prenant mon destin en main, j'ai profité d'une nuit sans lune pour aller l'enterrer vivante au cœur d'une forêt perdue. Et je suis dès lors en croisade permanente contre ces suppôts abominables du mauvais goût.
C'est la définition même d'un traumatisme.
AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH MES YEUX ! (Et ça, c'est cadeau !)
La question qui me vient, c'est : pourquoi ?
Un col n’est-il pas suffisant ? Est-ce que le style peut venir de la multiplication d’éléments égaux dans leurs effets et leur fonction ? Est-ce que si je mets deux chapeaux sur ma tête, je suis deux fois plus stylé ? Est-ce que si je couds plus de zips sur mon blouson, je suis encore plus rock ?
Superposer deux choses de même valeur, ce n’est pas donner plus de style, c’est confondre la puissance d’un argument avec la puissance de la voix qui l’énonce.
De plus, le truc avec la chemise, c’est que c’est intime.
C’est ce qui entre directement en contact avec notre peau, presque tout contre notre âme ! La chemise, c’est ce qu’on donne qu’on on n’a plus rien. C’est tout risquer quand on la vend.
Votre chemise, c’est vous et votre dignité en tant que personne humaine. Et je blague même pas.
Alors choisissons des chemises sobres, qui ne déguisent pas. Le col étant ce qui est le plus proche du visage, il faudra y attacher d'autant plus d'attention.
Je pense qu'on peut s'entendre là-dessus, non ? Alors voici comment bien le choisir.
DÉTERMINER LA MORPHOLOGIE DE SA TÊTE
Adrien Brody dans un style approximatif qui accentue la petitesse de sa tête. Vous ne voulez pas ça, j'en suis persuadé...
Demandez à un ami. Un ami véritable, le genre qui vous dit que vous avez un bouton sur le nez.
Et exigez une réponse franche, tranchée et premier degré, comme un shooter de pastis sans eau à 8h du matin.
S’il rechigne à la tâche, invoque une incapacité catégorielle à définir la forme de votre visage ou encore, plus lâchement, prétend avoir perdu la vue de manière soudaine et définitive, il faudra alors vous en remettre à votre propre jugement.
Et offrir un chien d'aveugle à votre ami. C'est la moindre des choses.
IL Y A TROIS ÉLÉMENTS À DÉFINIR, SELON VOTRE BON SENS
1. LA TAILLE DE VOTRE TÊTE
Votre tête est-elle plutôt large, moyenne ou petite (par rapport à la largeur de vos épaules et à toute personne de gabarit équivalent au vôtre) ?
© Crédits photo : The Sartorialist
Wes Anderson dans son éternel costume en velours côtelé. Sa tête est assez large par rapport à ses épaules. Le col est cependant bien choisi, puisqu'il est assez généreux (donc en proportion avec sa tête) et pointe vers le sol pour renforcer la verticalité (un col ouvert - pointes vers les épaules - aurait accentué la largeur de sa tête).
2. LA FORME DE VOTRE VISAGE
Avez-vous le visage carré ? En forme de cœur ? Triangulaire ? Parallélépipèdesque ?
C'est parfois difficile à dire de manière exacte, car un peu artificiel bien sûr. Ce qu'il faut savoir en revanche, c'est surtout l'étroitesse ou la largeur de celui-ci. Si vous avez du mal à vous prononcer, posez-vous ces questions : votre visage est-il plutôt en longueur ou en largeur ? Plutôt carré ou plutôt rond ? Ou alors plutôt en triangle avec un menton un peu fuyant par exemple ?
La première ligne correspond plutôt aux visages étroits, la deuxième au visage standard, et la troisième ligne aux visages généralement un peu plus de larges. Mais ce n'est pas une science exacte : il y a autant de visages dans la nature qu'il y a d'êtres humains. Mais, en caricaturant, arrivez-vous à déterminer votre forme ?
3. LA LONGUEUR DE VOTRE COU
Êtes-vous doté d'un cou téléscopique qui vous permet de voir par-dessus l'horizon ?
Ou avez-vous la détente nucale d'un Carlos Tévez (le footballeur) ?
Si vous avez vraiment du mal à définir ces trois éléments (la taille de la tête, la forme du visage et la longueur du cou), c'est que : soit vous êtes l’heureux possesseur d’une tête de taille moyenne, ovale, posée sur un cou normalement proportionné (et je vous en félicite car alors, tous les cols vous sont permis - encore une fois, dans la limite du bon goût) ; soit le regard que vous portez sur vous-même est déformé et qu'il vous faut l'aide d'une personne de confiance, incapable de mensonge, pour déterminer vos mensurations faciales. Un moine bouddhiste peut faire l'affaire.
Ça y est, vous savez maintenant ?
Petit rappel des principaux cols de chemises existants.
L’idée générale, c’est d’aller vers plus d’harmonie. Ne pas accentuer une particularité physique, mais au contraire la contre-balancer.
L'objectif, c'est que l'attention, toute l'attention de votre interlocuteur, soit concentrée sur votre visage et donc votre propos, et non sur ce col de chemise qui donne l'impression que vous avez une tête qu'on-aurait-fait-des-expériences-dessus.
Cela dit, si, par exemple, vous avez le visage rond et qu’un col club vous tente et que vous vous en foutez pas mal du qu'en-dira-t-on, des quolibets et surtout de donner encore davantage de rondeur à votre visage, foncez !
La vie est trop courte pour porter des choses dont on n'a pas envie.
Elle est aussi trop courte pour manger des frites molles, mais ça c'est une autre histoire.
LES PRINCIPES :
1. LA TAILLE DE VOTRE TÊTE DÉTERMINE LA TAILLE DU COL
- Petite : pour ne pas empiéter visuellement sur celle-ci un petit col sera adapté
- Medium : un col moyennement long la mettra parfaitement en valeur (cela dit, on aura beaucoup plus de latitude pour choisir le col, dans la limite du raisonnable)
- Grosse : un col généreux est à privilégier car trop petit, il ferait apparaître la tête plus grosse qu’elle n’est en réalité
Y'a pas comme un problème ? Au-delà de la pose étrange et des poignets mousquetaires défaits, le col de chemise démesurément petit fait apparaître la tête comme énorme. Gonflée à l'hélium. Prête à exploser.
2. LA FORME DU VISAGE DÉTERMINE LA FORME DU COL
- Visage en longueur (triangle, losange, oblong) : il convient de donner de l’épaisseur. L’horizontalité qui manque suppose d’opter pour un col ouvert, c’est-à-dire allant vers les épaules.
- Visage en largeur (rond, carré, cœur) : il convient au contraire de donner de la verticalité à l’ensemble et d’opter pour un col fermé, c’est-à-dire désignant le sol plutôt (si j’exagère).
- Visage oval : vous pouvez tout vous permettre.
3. LA LONGUEUR DU COU DÉTERMINE LA HAUTEUR DU COL
- Si votre cou est court : optez pour un col qui ne monte pas trop haut sur celui-ci.
- Si votre cou est long : optez pour un col qui monte plus haut sur celui-ci.
QUELQUES EXEMPLES POUR ENCORE MIEUX COMPRENDRE :
Si on a une tête large et carrée : il faut un col assez long et peu ouvert.
- Un col petit serait ridicule car non adapté à la largeur du visage.
- Un col trop ouvert accentuerait la forme carrée du visage.
Tom Cruise opte de plus en plus pour des pièces tailoring qui lui vont assez bien, je trouve. Comme quoi, la taille n'est pas un frein à l'élégance (faut juste qu'il fasse attention à ses bas de pantalons quoi).
Analyse : Il a un visage carré et assez large. Judicieusement, Tom a opté pour un col assez généreux et moyennement ouvert (encore plus fermé aurait été parfait). Vous pouvez d'ailleurs remarquer que les proportions sont harmonieuses entre le col de la chemise, la cravate et les revers.
SI ON A UNE TÊTE PETITE ET ÉTROITE : IL FAUT UN COL ASSEZ COURT ET TRÈS OUVERT
- Un col trop gros serait disproportionné : on verrait plus le col que le visage
- Un col trop fermé renforcerait l’étroitesse du visage
Adam Levine : champion du monde de cassé de glaçons avec le front. Comment ça c'est de la calomnie ?
Analyse : Adam Levine a une tête étroite et oblongue. De taille plutôt moyenne, je dirais. Donc ce qu'il lui faudrait, c'est un col un peu plus grand que celui-ci à mon avis qui serait très ouvert ! Un col cut-away serait parfait. Et s'il pouvait remonter un petit peu plus sur son cou, qu'il semble avoir assez long, ça serait encore mieux !
SI ON A UNE TÊTE LARGE ET RONDE : IL FAUT UN COL PEU OUVERT, ANGULEUX ET LONG
- Un col trop ouvert élargirait visuellement le visage
- Un col trop rond renforcerait la rondeur
- Un col trop petit ferait apparaître la tête plus grosse qu'elle n'est
© Paul Sorvino, dans The Goodfellas.
Paul Sorvino, dans The Goodfellas.
Analyse : un visage rond implique de donner de la verticalité à celui-ci, puisqu'il a tendance à bien plus s'épanouir à l'horizontal. Si je puis dire. C'est pour cela que le choix de Paul Sorvino, ou de son styliste, est le bon. À savoir un col peu ouvert, long et anguleux. De nos jours, il faudrait faire un peu plus court cela dit.
SI ON A UN COU VRAIMENT LONG : IL FAUT PORTER UN COL PLUS HAUT SUR LE COU
- Trop court, il accentuerait la longueur du cou
Tom Wolfe, dit "le diplodocus" dans le milieu.
Analyse : Bien conscient des mensurations excessives de son cou prodigieux, l'écrivain Tom Wolfe demande des cols qui montent plus haut afin de le camoufler.
Vous savez désormais choisir le col de chemise qui sublimera votre visage ! Oui, rien que ça !
Maintenant, une petite introspection s'impose : est-ce que les cols que vous portiez jusque là étaient les bons ?
Si tel n'est pas le cas, alors je vous invite à vous les procurer. Et pour cela, si vous avez une forme de visage telle qu'il vous faut une forme de col difficile à trouver dans le commerce, pourquoi ne pas faire l'expérience du sur mesure ?
Nous vous conseillons :
- Cotton Society : Nicolò en a fait le test dans son grand comparatif des chemises.
- Swann&Oscar : un très grand choix de cols, impossible de ne pas trouver le bon !
- Lanieri : moins de choix mais un service très qualitatif.
Lookbook réussi de Swann&Oscar. Le modèle porte un grand col Amalfi (boutonné, proche de l'américain) qui lui va bien car le volume de sa tête (accentué par ses cheveux indomptés indomptables) est assez important. De plus, les proportions du col, de la cravate et des revers sont aux petits oignons.
"Ah oui, mais moi, vous allez me dire, j'ai déjà les cols qui flattent divinement les traits de mon visage que-j'ai-l'impression-d'être-un-dieu-grec !"
Tout d'abord, calmez-vous.
Ensuite, je vous en félicite ! Il est temps de passer à la vitesse supérieure.
Que diriez-vous à présent d'injecter un peu d'originalité dans votre vestiaire ? Le genre d'originalité discrète, pas comme une chemise hawaïenne, qui vous démarque avec douceur et gentillesse tel un nuage de cachemire qui vous caresse la joue.
Je savais que ça vous plairait !
Alors allons-y...
5 COLS DE CHEMISES POUR ROMPRE AVEC LA MONOTONIE
Dites-moi...
Vous n'en avez pas marre de porter toujours le même col ?
Ces dernières années, le col français a proliféré à la vitesse supersonique du lierre sur les universités de l'Ivy League. Vous savez, le col français, celui qui n'est ni vraiment petit, ni vraiment grand, ni vraiment ouvert, ni vraiment fermé, qui convient à tout le monde, mais à personne à la fois. Il est partout dans les grandes enseignes.
Photographie issue du lookbook AH 15 De Fursac. C'est très bien, c'est valide et harmonieux. Mais à la longue, c'est juste un peu ennuyeux comme type de col.
Finalement, je trouve que le col français est comparable à un flingue sans chargeur. Franchement excitant au début et puis rapidement assez décevant.
Ça vous parle ?
Allez, c'est parti pour un petit tour gratuit dans mon armurerie du style. Promis, je ne laisserai personne tirer à blanc.
LE COL CLUB
Tenue réussie pour ce paon du Pitti ! Assortir le verre de ses lunettes à sa cravate et sa chemise, c'est quand même quelque chose. Bon, pour réussir une tenue pareille faut avoir de la bouteille... Mais bon, le col club est vraiment intéressant et rappelle la rondeur des lunettes. Il est également bien dimensionné. Que pensez-vous de cette association ?
Note préliminaire : qu'à partir de ce jour, ceux qui disent encore "col claudine" pour parler du col club soient mangés tous crus par les crabes. Ah oui, je plaisante pas avec ça !
Vous ne pourrez pas dire que vous n'étiez pas prévenus !
À SAVOIR SUR LE COL CLUB :
S'il est considéré aujourd'hui comme rare et un brin désuet, il était au milieu des années 1800 tout à fait banal.
Dans les années 1920, il devient même un must de l'élégance masculine, presque le col par défaut aux Etats-Unis (en témoigne le cinéma des années 30 et 50 et Frank Sinatra à lui tout seul). Sa popularité décline dans les années 60 dont le pragmatisme vient à bout de toutes les fantaisies vestimentaires.
Puis s'ensuit un longue agonie silencieuse pour le col club qui remue encore en 2010, année pendant laquelle on décide qu'il est finalement digne d'un tout nouvel intérêt.
POINT MORPHOLOGIE :
- À éviter quand on a un visage très rond, bien évidemment
- Bien pour donner de la rondeur à un visage anguleux
- Ne pas le choisir trop petit, sinon c'est ridicule (de manière générale, les mini-cols ne mettent pas en valeur : avez-vous une mini tête ?)
COMMENT LE PORTER ?
Comme ça, le dernier bouton ouvert, sans cravate, je ne trouve pas que ce soit des plus efficaces. Ça se tente, mais enfin je ne vois pas trop l'intérêt. Sauf à la porter dans une matière un peu épaisse qui va se tenir.
Néanmoins, j'ai deux propositions à vous faire :
Business cool :
Une tenue tellement simple et pourtant tellement peu habituelle.
Analyse : Rien de bien compliqué ici. Jean brut, mocassins (on peut les remplacer par des derbys par exemple), chemise blanche col club, cravate tricot de soie marine et veste en seersucker blanche et grise. Pour cette dernière, ce n'est absolument pas crucial qu'elle soit en seersucker ou rayée d'ailleurs. Une beige serait très bien par exemple. Ou grise même ! Et bleu aussi !
Workwear :
Ah ce que j'aimerais bien avoir une barbe comme la sienne. Mais je m'égare... C'est un look puissant selon moi, puissant parce qu'il est composé de matières brutes et authentiques et modestes aussi ! C'est pas interdit de mettre plus de couleurs bien sûr. Cependant l'ensemble est solide comme ça.
Analyse : La chemise col club en denim est une sérieuse option que j'ai bien envie d'accrocher à mon tableau de chasse. Je recommanderais un col un peu plus volumineux que sur la photographie toutefois. Et je la porterais exactement comme ça : gilet et veste assortie, jean (blanc) et workboots ou mocassins encore une fois. Pour le combo gilet et veste, regardez du côté de chez Universal Works.
NOTRE SÉLECTION :
Sinon, rendez-vous sur Swann&Oscar ou Cotton Society ou encore Lanieri pour faire la vôtre ! Par exemple en chambray ou en denim pour vos tenues workwear.
LE COL CUBAIN
Oui ! Vous avez bien lu.
Peut-être êtes-vous tombé de votre chaise ou avez carrément failli vous foutre en l'air à cause d'une marche que vous n'aviez pas vue (d'ailleurs, je ne saurais que trop vous conseiller de ne pas lire en marchant, cela peut nuire gravement à votre santé), mais, oui !, je vous propose bien d'essayer le col cubain.
J'en mets, je n'ai pas de cigare et je ne m'appelle pas Magnum. Bon, j'ai une moustache c'est vrai mais ça n'a rien à voir !
POINT MORPHOLOGIE :
- À éviter si vous avez un cou assez long.
- Un torse très velu pourrait être un frein...
COMMENT LE PORTER ?
Façon beat generation :
© Photo issue du lookbook AH17 de Beams Plus (tout le lookbook est d'enfer !)
Photo issue du lookbook AH17 de Beams Plus (tout le lookbook est d'enfer !)
Analyse : Selon la saison, il suffit de troquer le pantalon en flanelle par de la laine froide et cela fonctionne à merveille ! Le blouson Harrington léger est parfait pour le printemps. Le t-shirt blanc qui va bien, juste en-dessous de la chemise, pour apporter un peu de lumière et/ou cacher les poils. C'est facile, c'est décontracté et ça vous distingue. C'est le look de Jack Kerouac typiquement !
Vous n'avez pas envie de ressembler à un écrivain beatnik? Avec un parfum constant de scandale dans le sillage et, dans la besace, des histoires par milliers à raconter.
Sous le soleil exactement :
Sean Connery à la coule..!
Analyse : BG vous a toujours conseillé de privilégier les chemises à manches longues et je suis parfaitement en ligne avec cela. Dans ce cas précis et dans un contexte de vacances, je trouve qu'avec ce col, les manches courtes sont les bienvenues. Cela étant dit, des manches longues seront parfaitement acceptables, et même conseillées si vous essayez ce col pour la première fois, car celui-ci est déjà suffisamment original !
NOTRE SÉLECTION :
Je n'en ai pas trouvé de chemises satisfaisantes dans un positionnement prix intermédiaire. Mais je suis tout ouïe si vous en avez !
LE COL ANGLAIS (OU TAB COLLAR)
Vous voyez ce qui fait la particularité du col anglais ou tab collar, tab signifiant languette.
Attention : ce col, c'est pour les super-héros de l'élégance, pour les Indiana Jones du style, pour ceux qui se saoulent au chic et qui en redemandent !
À SAVOIR SUR LE TAB COLLAR :
C'est le Prince de Galles (encore lui !) qui l'aurait popularisé fin des années 1920 et début des années 1930. Il revient à la mode dans les années 1960, mais ne résiste cependant pas à l'inexorable casualisation du vestiaire masculin.
Cela dit, de temps à autre, on a toujours l'obligation sociale de porter le costume. Et c'est à ce moment-là que le col anglais est d'un grand secours : il donne une allure impeccable, du charisme et une confiance décuplée (on sait que, à tout moment, son nœud de cravate est en place et que le col est propre et soigné ; le plus beau sur les photos).
POINT MORPHOLOGIE :
- Parfait pour les cous un peu longs puisqu'il peut monter un peu haut
- Les visages carrés et ronds apprécieront la longueur bien symétrique de son col
COMMENT LE PORTER ?
NOTRE SÉLECTION :
Pour un entre-deux, comme toujours : Cotton Society et Swann&Oscar. Il n'existe aucun plaisir plus grand que celui de recevoir une chemise parfaitement adaptée à son propre corps et dont on a choisi toutes les caractéristiques. À part peut-être les massages crâniens, mais c'est autre chose.
COL OFFICIER
Que ceux qui ne font pas la différence entre le col mao et le col officier soient chatouillés pendant trois longues minutes à l'aide d'une plume de paon.
Ah, si j'étais Ministre du Style y'aurait de la réforme, je peux vous le dire !
Pour ne pas subir l'ignoble châtiment ci-dessus :
- Le col officier est un col fermé par un bouton. C'est comme un col français... mais sans le col. Subsiste alors le pied de col et c'est tout. C'est le plus largement répandu des deux.
- Le col mao est nettement plus décoratif : à l'origine, les pans de la chemise ne se chevauchent pas. Mais surtout, celle-ci n'est pas dotée d'un pied de col.
Le col officier possède un bouton de col, le col mao non.
Des deux, je vous conseille le col officier parce qu'il ne déguise pas. Je ne souhaite à personne de vivre la même chose que Jack Lang en 1981 dans à l'Assemblée Nationale.
POINT MORPHOLOGIE :
- À éviter si on a le cou un peu long
- En dehors de ça, il convient à tout le monde puisque, par définition, il n'a pas de col
COMMENT LE PORTER ?
Le col officier permet de donner un twist à une tenue. N'importe quelle tenue. Il est très facile à assumer. Comme il n'a pas de col, il ne peut pas mal se placer sous une veste. Au contraire, il bougera au contraire, au gré de vos mouvements.
Par ailleurs, il donne un flegme très agréable à son porteur.
Il est très facile à porter sous un cardigan, un pull col V ou un gilet, avec un jean/chino et des sneakers/derbys.
Afterwork :
On peut le porter façon chic décontracté. Remarquez son cou assez long... est-ce que c'est grave ? Et j'attire votre attention sur le costume coupé à la perfection.
Analyse : C'est un costume bleu tout ce qu'il y a de plus simple, mais voyez la sacrée bonne dose de charme donnée par le col officier. Et même, cela me permet de vous dire à quel point j'aurais trouvé une chemise en popeline blanche à col français très malvenue ici... car alors, on aurait attendu une cravate.
Bon, pour ne pas faire Bernard-Henri Lévy, privilégiez une chemise en oxford, dans une couleur autre que blanche et ne pas défaire trop de boutons.
Artiste :
© Angelo Flaccavento (par Sophie Mhabille)
Angelo Flaccavento (par Sophie Mhabille) connu pour ses tenues très personnelles. Ici en 2014.
Analyse : Attendez, partez pas, partez-pas ! Ce que l'on peut piquer à Angelo, c'est l'association gilet clair à rayures + veste bleue + chemise à col officier + jean + derby. On change le jean et on a quelque chose de vraiment bien. Je déconseillerais en revanche de boutonner jusqu'en haut la chemise : portez-la de manière plus décontractée.
Les chaussures, ici, c'est un parti pris workwear, mais on peut très bien imaginer les éternelles sneakers blanches, ou des double-boucles, ou des mocassins etc. Et même des sneakers plus travaillées et colorées, style Internationalist de Nike.
Les chaussettes colorées ont parfaitement leur place puisqu'elles injectent de la couleur, là où l'association blanc/bleue est quand même très convenue et un peu fade à force.
NOTRE SÉLECTION :
PIN COLLAR
Là, je vais vous demander d'ouvrir un peu votre esprit. Et après l'avoir ouvert, je vais vous demander de l'ouvrir encore un peu plus.
On est pile dans l'approche du vêtement pour ce qu'il a de ludique. Tester de nouvelles choses, changez son regard, se surprendre soi-même.
Le pin collar est considéré par les papes de la chemise comme un sommet stylistique et j'étais obligé de vous en parler. Mais aussi, je l'affectionne particulièrement et, croyez-le ou pas, j'en porte de temps en temps !
Yasuto Kamoshita avec un pin collar finalement assez discret.
À SAVOIR SUR LE PIN COLLAR :
Il se caractérise par l'utilisation d'une épingle de col ou d'une sorte de broche qui lie les deux pointes du col. Son intérêt est de mettre en valeur la cravate et d'apporter un zeste de sophistication.
Il apparaît au début du 20ème siècle et s'impose comme le col roi outre-atlantique, souvent mou, rond et blanc contrasté.
Le personnage Mickey Doyle dans Boardwalk Empire, joué par Paul Sparks.
POINT MORPHOLOGIE :
- À éviter quand on a une tête étroite (sauf à privilégier un col court).
COMMENT LE PORTER ?
Business :
Vous avez reconnu Benoît et sa chemise Howard's.
Analyse : L'idée, c'est d'oublier qu'on porte cette épingle. Porter ce type de col à la manière de Benoît est probablement la plus sûre des manières. Vous pouvez réserver cette chemise aux moments business un peu particuliers ou aux cérémonies.
Mais attendez-vous à ce que certains veuillent absolument discuter de cette coquetterie avec vous. A chaque fois que j'en porte, ça ne manque pas, on m'en parle. Bien souvent, il s'agit d'une simple curiosité et non d'un jugement de valeur.
Fashion :
Nick Wooster et son utilisation très personnelle du pin collar.
Analyse: Nick Wooster ne fait décidément jamais comme tout le monde. Là, il détourne un col américain à l'aide d'une longue épingle à nourrice qu'il insère dans les boutonnières. J'ai moi-même testé ce gimmick particulier mais avec le pin collar et non le col américain. C'est-à-dire que j'ai acheté une chemise pin collar de chez Howard's que je porte sans cravate mais avec l'épingle. C'est purement esthétique et alors on s'expose vraiment aux remarques, mais bizarrement, j'ai eu quelques compliments...
A tester, si vous voulez repoussez les limites de votre vestiaire.
NOTRE SÉLECTION :
LE MOT DE LA FIN...
Ça y est, vous savez maintenant choisir le bon col de chemise selon votre morphologie.
Rien que pour ça, prenez une minute pour vous féliciter, envoyer un petit clin d'œil coquin dans le miroir à votre adresse. Parce que vous le méritez. Il faut aussi que vous preniez conscience qu'avec ce genre de savoir, vous creusez une sacrée avance sur pas mal d'hommes.
Bravo !
Et n'oubliez pas deux choses essentielles :
- Toutes vos réflexions stylistiques doivent prendre votre corps comme point de départ !
- Testez de nouvelles choses pour ne pas laisser votre style stagner (c'était quoi la dernière audace vestimentaire que vous avez osée ?)
Allez, portez-vous bien, amusez-vous avec vos vêtements et je vous donne rendez-vous au prochain article qui devrait parler d'un blouson léger un peu particulier…
Si vous cherchez des chemises coupées dans des étoffes qui racontent une histoire, alors on va bien s’entendre...
Parce qu’on est allés dénicher des chambrays traditionnels au Japon, de la flanelle dans les Vosges, de l’oxford en Alsace, et du seersucker en Italie. Les tissus lisses et tristes comme la pluie, non merci.